Condamnation Des dignitaires sunnites irakiens ont qualifié vendredi de «génocide» les opérations américaines contre les villes de Tall Afar et Fallouja où au moins 57 personnes ont péri la veille. «Les forces d'occupation commettent un génocide», a affirmé dans son prêche à Bagdad, cheikh Abdel Ghaffour al-Samarraï, du Comité des oulémas musulmans, l'organisation la plus représentative des sunnites d'Irak, au sujet des opérations américaines. «Quel tort ont commis les habitants de Fallouja et de Tall Afar pour subir de telles atrocités ? Les forces d'occupation sont venues en Irak pour tuer, détruire et piller le pays. Que fait le Conseil de sécurité de l'ONU ?» a-t-il demandé. A Mossoul, cheikh Salah al-Jabouri a accusé dans son sermon «les forces américaines avec la Garde nationale (irakienne) de commettre un crime immense à Tall Afar que l'on ne peut pas taire». «Il faut faire cesser ces pilonnages sauvages qui ne font pas de différences entre civils désarmés et ceux qui portent les armes», a-t-il lancé. La ville de Tall Afar, située à 450 km au nord de Bagdad, restait bouclée vendredi alors que l'aviation y effectuait des survols de reconnaissance. 45 personnes y ont été tuées et plus de 80 blessées jeudi durant 13 heures de bombardements américains selon des sources hospitalières. Selon la police de cette ville de 150 000 habitants, «13 policiers ont été tués et blessés», mais il n'a pas été possible de savoir si ces victimes étaient incluses dans le bilan de l'hôpital. Pour sa part, l'armée américaine a fait état de 57 «terroristes» tués. Dans un communiqué, la Force multinationale a affirmé qu' avec les forces irakiennes de sécurité, elle «continuait à ?uvrer pour rétablir la sécurité et éliminer les activités terroristes qui ont poussé des centaines de personnes à fuir leur maison» et qu'elle avait «sécurisé la route autour de Tall Afar». Située à 75 km de la frontière syrienne, Tall Afar a été le théâtre de nombreuses attaques antiaméricaines. A Fallouja, 12 Irakiens, dont deux femmes et cinq enfants, ont été tués jeudi, et neuf autres personnes blessées dans un raid aérien américain qui visait, selon l'armée, une habitation abritant des rebelles. A Bagdad, deux partisans du chef chiite irakien Moqtada Al Sadr ont été tués et cinq autres blessés par des membres de la Garde nationale irakienne qui ont ouvert le feu sur la foule après la prière hebdomadaire du vendredi, selon une source hospitalière. Deux autres miliciens de M. Al Sadr ont été tués dans la soirée à Bagdad lors d'affrontements avec des GI.