Onze attentats suicide, revendiqués par Al Qaîda, ont ébranlé hier la capitale irakienne faisant des dizaines de morts. Baghdad et sa banlieue ont été secouées hier par une série d'attentats suicide, onze selon le décompte des forces de sécurité irakiennes, qui ont fait au moins 111 morts et près de 300 blessés. Chiffres qui restent, selon toute probabilité, provisoires. La majorité de ces attentats ont été revendiqués dans la journée d'hier par la branche irakienne d'Al Qaîda dirigée par le Jordanien Abou Moussab Al Zarqaoui qui les a présentés comme une vengeance de l'opération Restoring rights (Rétablir les droits) menée à Tall Afar, frontalière avec la Syrie, ces derniers jours par des forces combinées irako-américaines estimées à quelques 10.000 hommes dont quatre mille Marines américains. Les forces américaines et irakiennes effectuaient encore les derniers ratissages au centre de la ville après avoir chassé les rebelles de cette importante agglomération du nord-ouest de l'Irak. Selon l'état-major américain, quelque 150 rebelles ont été tués et 407 suspects arrêtés. Au plus fort de l'offensive Restoring rights, la branche irakienne d'Al Qaîda avait menacé de riposter, si l'offensive ne cesse pas dans les 24 heures, en frappant «des objectifs stratégiques et sensibles appartenant aux forces d'occupation et aux apostats (forces irakiennes) à Baghdad, à l'aide d'armes non-conventionnelles, et chimiques ». Hier, la déferlante d'attentats qui ont visé Baghdad notamment, à surtout ciblé le petit peuple, à l'instar des ouvriers du quartier de Kazimiyah -celui-là même qui a été le théâtre de la tragédie du pont d'Al-Amiyah, où plus de 1000 pèlerins sont morts le 31 août dernier- regroupés devant un bâtiment avec l'espoir de trouver un emploi qui ont été surpris par un kamikaze qui s'est fait exploser au milieu d'eux, faisant plus de 80 morts, pour la plupart des chiites. Selon un témoin, «Un homme est arrivé en voiture et a appelé les ouvriers pour leur proposer du travail. Il a ensuite fait exploser le véhicule». «La plupart de ces ouvriers sont pauvres et viennent des provinces chiites du sud pour trouver du travail», indique un autre témoin. Tout au long de la journée d'hier pas moins de onze autres attentats, plus ou moins sanglants, ont été commis dans la capitale irakienne, indiquait une claire coordination dans cette série d'attaques. Revendiquant ces attentats, «l'Organisation d'Al Qaîda en Irak», a déclaré dans un communiqué diffusé sur un site Internet que «la campagne pour venger les sunnites de Tall Afar a débuté». Sans faire allusion précisément aux attentats qui ont ensanglanté hier Baghdad, la branche irakienne d'Al Qaîda affirme que ses «brigades ont lancé cette offensive, avec en première ligne sa brigade des martyrs», qualifiée d'unité d'élite. «Les batailles de la revanche ont commencé hier (mardi) à travers le Pays des Deux Rivières (la Mésopotamie)», ajoute le texte, promettant de «donner des détails, si Dieu le veut, dès que des informations seront disponibles sur les opérations à Baghdad et dans d'autres villes». Par ailleurs, un groupe lié au réseau Al Qaîda en Irak a affirmé sur Internet avoir frappé mardi, à l'aide d'obus chimiques, les ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères, ainsi que la Zone verte à Baghdad, le secteur ultra-protégé qui abrite les institutions irakiennes et les ambassades américaine et britannique. Plus tôt dans la journée d'hier, le ministère de l'Intérieur, a déclaré que cinq obus de mortier ont été tirés dans différents secteurs de la capitale, dont la Zone verte, démentant toutefois qu'ils aient été chimiques, tout comme l'armée américaine. Dans cette déferlante de violences, six corps de personnes abattues par balles ont été retrouvés hier dans un dépôt d'ordures à Taji, dans la banlieue de Baghdad. Ils avaient les pieds et les mains liés, indique un communiqué du ministère irakien de l'Intérieur. Toujours à Taji, ville distante de 15 kilomètres de la capitale, dix-sept Irakien ont été exécutés hier par des inconnus. Une source du ministère irakien de l'Intérieur a ainsi déclaré hier que «des hommes armés habillés en soldats et circulant à bord de véhicules militaires sont arrivés à Taji, ont arrêté plusieurs membres de la tribu chiite des Bani Tamim, avant de les rassembler sur une place publique et de les exécuter par balles». Le chaos et la violence semblent bien implantés dans un Irak plus que jamais à feu et à sang comme le montre le bilan de la journée d'hier avec quelques 150 tués entre les victimes de la série d'attentats qui ont ébranlé Baghdad, et les personnes exécutées froidement par des inconnus armés, démentant l'optimisme affiché par les officiels irakiens et américains.