Après l'Auberge espagnole, Cedric Klapisch tente une nouvelle fois l'exploration dans les relations humaines avec son acteur fétiche. Après son succès en France avec près de 3 millions de spectateurs, les Poupées russes sera projeté au public d'Alger et de Béjaïa à partir d'aujourd'hui dans les salles de cinéma l'Algéria (13h30, 15h30, 18h00) Ibn Zeydoun (11h, 13h, 15h et 18h) et à la cinémathèque de Béjaïa (14h00 et 16h00) sur initiative de l'association Project'heurts. Comme de coutume, Sora Productions apporte du neuf et de la qualité en créant l'événement. Le réalisateur du film, Cedric Klapisch était en effet présent à l'avant-première en compagnie de l'acteur Zinedine Soualem, organisée hier à l'Algéria. Les Poupées russes fait suite à l'Auberge espagnole, sorti en 2002, mettant en scène un groupe de jeunes gens en postadolescence qui partagent un appartement à Barcelone et découvrent la vie à travers le programme Erasmus. Il a 25 ans et croque la vie à pleines dents tout en suivant des cours en économie. Dans les Poupées russes, on retrouve Xavier, cinq ans après, peinant à concrétiser son rêve d'enfance : devenir écrivain. Un métier qu'il décide d'embrasser enfin à la fin du film précédent. Xavier a grandi mais semble toujours perdu. Gagner sa vie avec l'écriture n'est pas si simple. Il a quelques problèmes avec sa banquière. Il a aussi des réticences à se fixer avec une fille. Il enchaîne les aventures amoureuses avec inconséquence. Il enchaîne aussi de façon confuse et anarchique les petits boulots liés à l'écriture. Tantôt journaliste, nègre, écrivain pour historiettes amoureuses ou scénariste pour série télé de pacotille. Il fait comme il peut, c'est-à-dire en vra , erme qu'il utilise d'ailleurs dans l'Auberge espagnole pour résumer son brouillon de destin... Partagé entre son ex, Martine (Audrey Tautou), sa mère et ses aventures amoureuses passagères, il a du mal à faire correctement son travail : concevoir et écrire une histoire d'amour simple et normale... Pour compliquer les choses, il doit aussi faire du baby-sitting pour son ex, du papy-sitting pour sa mère et la mondialisation le rattrape, son travail de scénariste est menacé de s'arrêter... Il est contraint de continuer son travail à Londres, puis à Saint-Petersbourg où un de ses amis et ancien colocataire décide d'épouser une Russe... Ces nouveaux voyages lui permettront peut-être de réconcilier le travail, l'amour et l'écriture puisqu'une relation amicale se transformera en amour. Les sentiments vont évoluer entre lui (Romain Duris) et Wendy l'Anglaise (Kelly Reilly) qui deviendra elle aussi écrivain. Prenant acte d'Almodevar qui n'a pas peur de filmer Ridiculeusement l'émotion, Cedric Klapisch, qui a donné plus de profondeur aux personnages en raison de leur «maturité», se plaît dans ce film à parler avec sincérité et intelligence des préoccupations des trentenaires, de leur quotidien, leurs angoisses, leurs problèmes de couple... Bouleversant, touchant, vrai autant qu'il est blindé de fantaisie et de poésie, les Poupées russes est une réflexion, plutôt le miroir de toutes les interrogations que peuvent se poser ces personnes sur leur devenir, et la place qu'ils devraient occuper dans la société, ce qui donne un sens, un statut à leur vie, leur existence, enfin avoir une vie professionnelle et puis, bien sûr, trouver la personne idéale avec qui vivre... «Dans l'Auberge espagnole, j'avais envie de positiver le rêve, de dire aux gens: ne vous laissez pas influencer par le discours ambiant et rabat-joie sur la vie, vivez vos rêves, réalisez vos envies. Alors, je me suis dis qu'il fallait faire le contraire dans les Poupées russes. En fait, il y a deux attitudes dans la vie: rêver et arrêter de rêver. Devenir grand, c'est aussi arrêter de rêver. Par contre, c'est important de ne pas abandonner le rêve intégralement parce que sinon on devient vieux avant l'âge, mais en même temps il faut savoir ne pas vivre que dans un monde impossible. Xavier a rêvé d'écrire, mais écrire n'est pas forcément facile, pas forcément heureux tout le temps. J'ai essayé de traiter cela en étant le plus sincère possible», confie le réalisateur.