En laissant planer le doute sur l'appartenance de l'organisation terroriste, elle jette un «gros» pavé dans la mare. Le GIA? «Connais pas!» Qui en est derrière? Elle l'ignore. Tout comme il lui est difficile de dire si les «partisans du tout-sécuritaire» sont les véritables responsables de cette organisation terroriste officiellement démantelée. Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs jette, ainsi, un «gros» pavé dans la mare au moment où la campagne référendaire sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale bat son plein. Un gros pavé, car Mme Hanoune qui s'exprimait hier au cours d'une conférence de presse à Alger, laisse planer le doute sur l'appartenance du sinistre groupe terroriste alors que la nature islamiste de cette nébuleuse n'a fait l'objet jusqu'ici d'aucune contestation encore moins d'une remise en question d'une quelconque partie politique. Dès lors, de qui parle le leader du PT? À qui s'adresse-t-elle? Et dans quelle catégorie alors peut-on classer les Zouabri, les Gouasmia...et bien d'autres terroristes qui ont causé et revendiqué la mort de milliers d'Algériens durant plus d'une décennie? De tout cela, Mme Hanoune n'en dira pas plus, sauf peut-être de souligner le caractère «criminel» du désormais ex-Groupe islamique armé. «Nous avons vainement tenté de comprendre qui est derrière mais la situation de guerre dans laquelle se trouvait le pays ne s'y prêtait pas pour ce faire», lâche-t-elle pour lancer en guise de résumé, «son» idée de tenir, après le référendum sur la charte, une conférence nationale pour «clarifier» les responsabilités dans la crise. Il s'agit, explique-t-elle, d'une rencontre qui réunira toutes les parties «sans exclusion aucune» concernées par la tragédie. Les responsables de l'ex-Front islamique du salut (FIS) seront, a-t-elle laissé entendre, les bienvenus bien que les pouvoirs publics à commencer par le chef de l'Etat lui-même, aient tiré un trait définitif sur l'exercice politique des responsables du parti dissous. Pour autant, l'heure actuellement, dit-elle, est à la charte pour la paix que son parti soutient officiellement non sans reconnaître toutefois que le projet, «fruit d'un compromis au sein du régime entre la politique du tout-sécuritaire et celle de la réconciliation nationale», soit limité dans ses portées. Tant qu'il ne traite pas des questions aussi sensibles qu'est, entre autres, l'officialisation de la langue amazighe, le texte qui fera l'objet d'une consultation populaire le 29 septembre prochain assure, Mme Hanoune, demeure limité. De là, l'oratrice use d'une habile rhétorique pour décocher quelques phrases assassines à l'adresse du chef du gouvernement pour avoir tenu la semaine précédente dans un meeting, des propos hostiles aux signataires de la plate-forme de Sant'Egidio dont le PT -Ahmed Ouyahia avait qualifié ces derniers de traîtres qui ont vendu le pays: «Je ne crois pas que Abdelhamid Mehri et Ahmed Ben bella (respectivement ex-SG du FLN et ancien président de l'Algérie signataires tous les deux de l'accord politique) soient des traîtres» et d'acculer plus loin sa cible: «le président de la République a qualifié le traité de Rome de positif alors que son chef du gouvernement soutient le contraire» ou encore: «Je suis ravie que celui-ci soutienne la charte pour la paix», dit-elle pour rappeler en filigrane la politique «éradicatrice» prônée, conduite et soutenue à une époque par le RND dont le chef du gouvernement est le secrétaire général.