La recrudescence des actes terroristes, ces derniers jours, soulève l'indignation des populations, inquiète des acteurs politiques et interpelle les autorités à tous les niveaux de responsabilité. La situation sécuritaire qui ne cesse de se dégrader, notamment dans la région de Chlef, a fait l'objet d'une interpellation du gouvernement par le député Fadhel. Dans sa réponse, le ministre de l'Intérieur a tenté de minimiser les derniers actes terroristes en estimant que la situation est loin de celle vécue par le pays dans les années 1990. Tout en reconnaissant que le terrorisme continue de frapper et qu'un Algérien tué est une victime de trop, Zerhouni a rappelé que ces actions sont le fait de groupuscules qui agissent en désespoir de cause. “Ces terroristes fat-houm el-car, ils n'ont aucune chance d'arriver aux objectifs qu'ils se sont tracés au début de leur plan macabre”, a-t-il déclaré. Le ministre de l'Intérieur a estimé, par ailleurs, que les derniers attentats sont gonflés et amplifiés médiatiquement. Sans les citer explicitement, ce sont les journaux faisant état quotidiennement des actes terroristes qui sont visés par cette attaque, voire cette accusation, de Zerhouni. Le représentant du gouvernement s'est ensuite adonné à un exercice de comparaison entre les années 1990 et la situation actuelle. “En 2001-2002, la moyenne des victimes est entre 105 et 170 morts par an, alors que durant les années 1990 la moyenne est de 400 victimes. La situation s'est nettement améliorée sur le terrain.” L'orateur a utilisé la terminologie en vogue, qui présente les terroristes comme étant en nombre réduit et leur l'action comme territorialement circonscrite : “Il y a quelques groupuscules, acculés et encerclés, qui continuent à agir. Un groupe se déplace entre Tiaret, Aïn Defla, Chlef et Médéa, s'attaque à des cibles faciles, mais qui ont un écho médiatique considérable.” Le ministre de l'Intérieur estime qu'en l'état actuel des choses, “il faut éviter de tomber dans le piège des terroristes en évitant d'amplifier leurs actes et de gonfler les évènements, pour ne pas saper le moral des citoyens”. Et d'assener que l'administration et le gouvernement n'ont jamais quitté le terrain pour lutter contre ce fléau. À travers cette déclaration, Zerhouni répond à ceux qui disent que les autorités sont absentes face au terrorisme. Sur un autre plan, le ministre a révélé que 218 groupes de légitime défense (GLD) ont été créés durant ces deux dernières années et que 2 813 permis de port d'arme ont été délivrés durant la même période. Ces mesures s'inscrivent dans le cadre de l'intensification de la lutte contre les terroristes à travers le territoire national. Dans la foulée, il a annoncé la prochaine réorganisation de certains corps de sécurité impliqués dans la lutte sur le terrain, comme les patriotes, les GLD et les gardes communaux. La décision de procéder à la reconfiguration de ces corps intervient dans un contexte marqué par la publication quasi quotidienne des informations, non démenties officiellement, sur la connivence et la complicité de certains des éléments de ces corps avec les criminels du GIA et du GSPC. Zerhouni n'a pas donné de détails sur cette réorganisation. Il a, par ailleurs, révélé que le nombre de civils armés dans la wilaya de Chlef est estimé à 18 000 personnes. S'agissant de Boukadir, le ministre a tenu à donner quelques informations non connues du grand public. Il a, en effet, déclaré que “les citoyens de Boukadir ont refusé d'être armés lorsqu'ils en ont reçu la proposition des autorités en 1999”. Zerhouni n'a pas, là aussi, donné plus de détails sur ce pavé jeté dans la mare lors de son passage devant les députés de la Chambre basse du Parlement. M. A. O. Les détenus ne seront pas libérés À sa sortie de l'hémicycle, le ministre de l'Intérieur a fait une déclaration aux journalistes sur plusieurs sujets d'actualité. À propos des derniers actes perpétrés par les terroristes, Zerhouni a eu cette réponse : “Nous sommes en état de guerre. Yawmoun laka wa yawmoun alayka (un jour pour toi et autre contre toi, ndlr).” S'agissant de l'attentat qui a fait une quarantaine de victimes parmi les parachutistes à Batna, il affirme que “ce n'est pas la première fois que les terroristes s'attaquent aux militaires”. Concernant le lien qu'entretiendraient ces terroristes avec l'organisation Al-Qaïda, Zerhouni affirme ignorer cette information. À propos de la rumeur sur l'éventuelle libération des détenus du mouvement citoyen qui croupissent depuis des mois en prison, le ministre de l'Intérieur affirme qu'ils ne seront pas libérés et c'est à la justice de trancher. Sans plus. Il tente ainsi de dépolitiser la crise de Kabylie qui bouclera dans deux mois sa deuxième année. M. A. O.