Dédiée aux artistes et créateurs, cette journée a été détournée par la ministre de la Culture pour aborder le sujet de la réconciliation... C'est mardi dernier qu'a été célébrée, à la Bibliothèque nationale du Hamma, la Journée africaine de la technologie et de la propriété intellectuelle, laquelle a été consacrée lors du sommet de l'Union africaine qui s'est déroulé en juillet 1999 à Alger. Lors de son allocution d'ouverture, la directrice de l'Institut national algérien de la propriété industrielle (Inapi), réitéra son rôle dans la gestion des brevets, des marques, dessins, modèles et appellation d'origine, en luttant, en collaboration avec l'Onda, contre la contrefaçon. M.Hakim Taoussar, directeur de l'Office national des droits d'auteur et droits voisins, soulignera la priorité de sa mission qui consiste en la protection des créateurs en combattant les pirates et le marché parallèle, tout en constatant un recul, selon lui, au niveau du piratage dans le domaine de l'informatique. Mahmoud Khodri, ministre de l'Industrie, mettra l'accent, quant à lui, sur l'évolution des nouvelles technologies et leur impact sur la société tout en indiquant la nécessité de les protéger à même de sauvegarder, dira-t-il, «l'économie nationale» et la rehausser au rang de la mondialisation. Pour Khalida Toumi, ministre de la Culture, «célébrer cette journée traduit tout l'intérêt que porte le continent africain à la création artistique et culturelle tout en reconnaissant le génie et le talent qui existent chez nos artistes». «En atteste, dira-t-elle, les nombreux prix et distinctions glanés à l'étranger en dépit du peu de moyens dont ils disposent». Madame Toumi exhortera l'assistance composée, outre des ministres et diplomates, des professionnels de l'industrie culturelle (éditeurs de musique, auteurs, artistes-plasticiens, chanteurs et autres créateurs, à faire un exercice de mémoire en revenant en 1995. «Je déteste l'oubli, mais je préfère les souffrances du silence», confie-t-elle et de dire: «Ce sont les romans et les poèmes qui pourront traduire l'histoire aux futures générations, qu'on se dise la vérité : en 1995, on ne pouvait pas parler de vie intellectuelle ni encore de culture, mais plutôt comment échapper aujourd'hui à la mort et rester en vie». Et de renchérir: «La question était: comment faire pour dormir, sans travail, ne pas mourir de faim?». Une allusion faite aux artistes sans toit ni statut?... Et de dire: «Pourquoi avons-nous résisté? Pour la sauvegarde des projets du 1er Novembre et du 20 Août. Qu'on fasse de cette victoire, une victoire continue...». Madame Khalida Toumi évoquera ainsi ce qu'est le sujet principal actuellement de nos politiques : la réconciliation et la paix. «Ce projet concerne avant tout la culture», dira-t-elle pour finir. Madame Khalida Toumi prendra ainsi de court le public avec un virage à 90 degrés, touchant tout de même l'assistance. Prenant la parole, le ministre sénégalais Saidou Noroma, abordera pour finir, le sujet phare de la journée en faisant remarquer que le combat pour la protection de la propriété industrielle et intellectuelle concerne aussi «le développement de notre continent». Enfin, un prix du meilleur logiciel national a été décerné à cette occasion à M.Farid Khaled, inventeur d'un logiciel sur les connaissances orthographiques en tamazight. Ce prix institué par l'Onda, en collaboration avec le BSA (Business Software Alliance), organisation regroupant les plus importants producteurs de logiciels à travers le monde, vise à encourager la création de logiciels locaux. Une bonne chose, en attendant d'endiguer le fléau de piratage et pourquoi pas, un jour, réaliser cet hypothétique statut de l'artiste, inexistant chez nous, et ce, malgré d'incessantes palabres..