De notre correspondant à Constantine A. Lemili Il a été question de «droits d'auteur» et par voie de conséquence de protection de la propriété intellectuelle, mardi dernier, au cours de l'espace culturel bimensuel du mardi qu'organise la direction de la culture de la wilaya de Constantine. Tenu à la faveur de la semaine du livre qui a lieu mondialement le 23 avril de chaque année, l'événement avait pour but évident d'évoquer, au-delà de la protection ou non de la propriété intellectuelle, l'épineux problème du piratage d'œuvres, toutes natures confondues. Un véritable fléau sur lequel butent l'ensemble des pays mais contre lequel ils tentent, vaille que vaille et peu importe les échecs annoncés, de lutter. Ce qui ne risque pas en tout état de cause de l'être dans notre pays compte tenu, d'une part, de la déréglementation quasi officielle ambiante et, d'autre part, du peu de souci des pouvoirs publics et de leurs organes coercitifs de contrôle d'y remédier. La rencontre qu'avaient animée trois chercheurs universitaires a eu le mérite de voir enfin aborder un sujet dont souffre particulièrement le microcosme intellectuel, culturel et artistique et que nul ne peut ignorer, notamment les institutions de l'Etat qui sans pour autant ne font rien pour y mettre un terme et encore moins veiller à l'application des textes réglementaires… leurs propres textes. L'inexécution de mesures administratives de nature à dissuader le plagiat, le détournement de propriété intellectuelle ne peut par voie de conséquence que conforter le recours institutionnalisé à la contrefaçon, au piratage. Sans conteste, Mmes Badi, Bouanaka et M. Betouche maîtrisaient superbement la question et en connaissaient les tenants et les aboutissants mais ne pouvaient que rester dans le domaine de la théorie, s'appesantissant par voie de conséquence sur ce que tout le monde savait. Forcément l'existence d'un arsenal de textes réglementaires ignoré à tout venant et donc la réalité d'une situation de fait irréversible, sachant que parmi les premiers à ignorer la rigueur de la loi figure l'ensemble de la société, qu'elle soit civile, politique et/ou administrative. Et les personnes qui ont requis la parole à partir de la salle l'ont fait, non pas pour le simple plaisir de contrarier les trois universitaires mais juste histoire de rappeler que l'éventuel respect imposé de la propriété intellectuelle aurait pour conséquence de… paralyser le pays. De ce postulat s'est obligatoirement posé celui de la nécessité d'existence d'un organisme comme l'Office national des droits d'auteur (ONDA), compte tenu des nombreux dommages causés aux auteurs, créateurs, par le piratage de leurs œuvres. Quant aux œuvres pillées à partir de la Toile, il s'agit d'une autre histoire. Des exemples de cas authentiques de détournements et d'appropriation illégitime d'œuvres seront étalés par l'assistance et l'incapacité des animateurs de la rencontre à fournir un argumentaire solide susceptible de démonter les interventions pertinentes n'aura en fait d'égale que leur propre conviction sur la nature des propos venant de la salle. Même si K. Betouche, responsable d'un programme de recherche visant à la matérialisation d'un projet qui aurait pour objectif de contrarier, dans les temps à venir, toutes velléités d'appropriation d'œuvres d'autrui. Par le recours à un simple clic de souris. Un projet qui, s'il venait à être mis en application, règlerait sans doute le dilemme vécu par des universitaires dont les thèses de magistère et de doctorat sont allègrement ponctionnées par d'autres (universitaires) en devenir. Et sur ce sujet précis, est-il besoin de rappeler qu'en 1990 déjà un universitaire de haut rang dénonçait à partir de Tiaret, suite à la parution d'un livre intitulé le Défi agro-alimentaire, le plagiat presque au tiers de son auteur. Un auteur qui, comme l'amnésie est un exercice national, occupera quinze ans plus tard le poste de… ministre.