Les partis sont arrivés à la conclusion que sans le pouvoir rien ne peut être réalisé Dans la mosaïque partisane nationale, chaque parti veut appliquer son propre agenda sans tenir compte de la réalité politique nationale. Anesthésiée par le Ramadhan et bientôt assommée par les vacances d'été, la classe politique ne semble pas trouver sa voie. Sur le marché des propositions, celles-ci foisonnent pourtant et chaque parti y va de son «plan de sortie de crise». Du consensus national du FFS, remis, hier, au goût du jour par Ali Laskri, à la «grande initiative» de conférence nationale, initiée par le MSP, en passant par l'Assemblée constituante du Parti des travailleurs, la scène nationale donne tout de même une fausse impression de dynamisme. Et pour cause, aucun début de réalisation de tous ces projets n'est visible, que ce soit auprès de l'opinion nationale qu'au niveau des états-majors des partis. Dans la mosaïque partisane nationale, chaque parti veut appliquer son propre agenda sans tenir compte de la réalité politique nationale. Les réformes politiques initiées et mises en oeuvre par le président de la République ont certes abouti à une Constitution plus démocratique, mais il se trouve que le nouveau cadre politique semble encore inopérant pour la simple raison que les partis auxquels est destinée la nouvelle architecture institutionnelle donnent l'impression d'être plus préoccupés par des questions de pouvoir et de son partage que par l'édification d'un authentique Etat de doit au sens plein du terme. La récente décision du MSP qui consiste à lancer une vaste opération de contacts avec l'ensemble des forces nationales, participe de cette logique étroite de se construire un strapontin, le plus solide possible, pour s'assurer une place au sommet. Le MSP qui a échoué, avec ses amis de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique à se poser comme un contre-poids suffisamment fort pour «impressionner» l'opinion et la classe dirigeante, entend ouvrir le «consensus national», au pouvoir. Le président du MSP admettra même que, sans le pouvoir, rien ne peut être réalisé. Cet appel du pied, quelques années après avoir refusé une offre en bonne et due forme pour entrer au gouvernement, replace le MSP dans une posture de «quémandeur», mais cette fois, «enjolivé» par un processus que Makri souhaiterait, bien plus large, et donc «différent» de ce qu'on a proposé à son parti en 2014. Dans cette nouvelle offre politique, le MSP voudrait prendre la tête du «pôle» partisan qui fera face au pouvoir, dans ce qui pourrait s'apparenter à un dialogue novateur. Tout cela pourrait être envisageable, sauf que le pouvoir a son propre agenda qui s'accorde parfaitement avec le fonctionnement et le renouvellement des institutions de la République. Lui demander de s'en défaire, au risque de créer une crise politique sérieuse, est inadmissible dans un contexte national et régional très délicat. Il n'y a pas que cela en réalité. Quand bien même la majorité présidentielle serait ouverte à un débat sur la question du pouvoir, personne en l'état actuel des choses n'est en mesure de garantir un comportement responsable de toute la composante de l'opposition. Et pour cause, celle-ci étant profondément divisée, les partis qui suivraient le MSP n'en représenteraient qu'une portion congrue. Des formations comme le PT et le FFS, ainsi que le Front El Moustaqbel, pour ne citer que les plus actifs, refuseront le leadership du MSP. Mais ces trois formations, ainsi que bien d'autres, ne pèsent pas grand-chose et savent qu'une élection présidentielle ne se gagne pas sur des intentions fussent-elles bonnes. Il faut un vrai candidat, c'est d'ailleurs ce qui fait cruellement défaut à une opposition très éclectique, tant au plan idéologique qu'en termes d'action sur le terrain. La seule personnalité s'approchant du profil de fédérateur, après le décès de Ait Ahmed et le retrait de Hamrouche, qui se trouve être Benflis, n'est pas parvenu à consolider son «Front du changement» qu'il a initié avec quelques petits partis politiques. Son échec à rallier les partis traditionnels a signé sa défaite définitive, notamment après la mort de l'Instance de suivi et de coordination de l'opposition (Isco). Devant cet éparpillement des forces politiques et l'impossibilité pour chacun de peser sur la présidentielle, la logique partisane s'est donc focalisée sur des concepts, pas toujours admis dans un contexte républicain «normalisé». N'étant pas outillé pour mener une sérieuse campagne électorale pour parvenir au pouvoir par la volonté des électeurs, les partis de l'opposition, visiblement pressés de tester une alternance qu'ils n'ont pas su construire, en sont arrivés à conclure que sans le pouvoir, rien ne peut se faire.