Le secrétaire général du RND, M.Ahmed Ouyahia, a réaffirmé jeudi dernier que la révision de la Constitution n'est pas à l'ordre du jour. Le chef du gouvernement dira exactement le contraire de ce qu'à déclaré le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, quelques heures plutôt sur la révision imminente de la Constitution algérienne. La différence de vision sur un sujet aussi important aurait pu passer comme une simple «divergence» entre deux partis politiques souverains, mais ce n'est pas le cas ici puisque les deux formations font partie de l'alliance présidentielle, censée refléter une totale cohésion. Ainsi donc, les deux hommes qui occupent des postes très importants, l'un chef du gouvernement et l'autre ministre d'Etat, semblent diverger publiquement sur la destinée de la Constitution de 1996. Divergence ou rivalité? En tout état de cause, concernant la Constitution les deux hommes suivent un chemin différent en développant à chaque fois des arguments tout à fait opposés, ce qui renseigne, au-delà de toute spéculation qu'il existe réellement deux points de vue qui se situent aux antipodes. Il faut juste rappeler que la Constitution du 8 décembre 1996, modifiée, par la loi 02/03 du 10 avril 2002, en vigueur ne permet pas au chef de l'Etat de briguer un troisième mandat. L'article 74 de la Constitution est très clair: «La durée du mandat présidentiel est de 5 ans. Le président de la République est rééligible une seule fois.» La « pomme de discorde » réside-t-elle dans cet article qui empêche le président de la République d'accéder à la magistrature suprême plus de deux fois? L'on est tenté d'analyser les divergences cycliques des patrons des deux partis politiques par l'existence de cet article. L'on se souvient qu'en 1996, devant la montée de l'extrémisme religieux et la menace terroriste, il fallait parer au plus pressé. Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement sous Zeroual en ce temps-là, était aux avant-gardes dans la lutte pour la sauvegarde de la République algérienne démocratique. Près de dix années après, nombre d'observateurs avouent que la Constitution devrait être modifiée. Le chef de l'Etat en personne l'a déclaré lors de l'une de ses interventions: «Cette Constitution ne me convient pas», a-t-il souligné sans ambages. La déclaration ne souffre aucune ambiguïté. Le président Bouteflika semble penser sérieusement à la révision de la Constitution. M.Ahmed Ouyahia, qui est passé par tous les rouages de l'Etat, est présenté à son tour par les observateurs avertis de «présidentiable». Mais le président de la République, quant à lui, a aussi toutes les prérogatives de consulter le peuple encore une fois sur un sujet qui engage directement la destinée de l'Algérie et son fonctionnement. D'après des indiscrétions, des changements profonds seront proposés dans la prochaine Constitution si l'actuelle venait un jour à être amendée. Il reste juste à savoir ce qui va être modifié et ce qui va changer en préservant les «équilibres nationaux» et les «équilibres» tout court. Désormais, après la charte pour la paix et la réconciliation nationale, la prochaine sera celle de la modification de la Constitution. Les divergences apparues au grand jour entre le RND d'Ahmed Ouyahia et le FLN d'Abdelaziz Belkhadem annoncent d'ores et déjà la couleur. Ce n'est pas un hasard, si, dans la même journée, les deux responsables ont émis des avis diamétralement opposés sur ce qui constitue l'ossature d'une nation et d'un Etat.