Le RND semble décidé à croiser le fer avec son allié au gouvernement sur une question d'une grande sensibilité. Le différend entre les deux grandes forces politiques au pouvoir, à savoir le RND et le FLN, sur la question de la révision, est loin de trouver son épilogue. La dernière déclaration en date est à mettre sur le compte du RND qui, en guise de réponse à la récente sortie médiatique de Abdelaziz Belkhadem, rejette catégoriquement toute idée de révision de la Constitution. Enveloppée dans une communication présentée par M.Khalfa M'barek, membre du bureau national, traitant du thème du « rôle de l'élu dans le développement local», le parti d'Ouyahia répond du tac au tac au discours du FLN sur la question. Ainsi, réitérant la position de son parti sur ce sujet, Khalfa M'barek a tenu à souligner que ce n'est guère le moment de se lancer dans une aventure constitutionnelle. Sonnant comme une réaction quasi-immédiate au «forcing» du secrétaire général du FLN, la communication de M'barek est intervenue à peine deux jours après la rencontre tenue mardi dernier par l'organisation estudiantine Unea autour d'une thématique portant sur «Les différents régimes constitutionnels existants à travers le monde». Le SG du FLN y avait interpellé pour la première fois, le président de la République pour procéder, dans l'immédiat, à la révision de la Constitution. «Nous appelons à une révision de la Constitution pour une véritable clarification des choses dans la loi fondamentale de façon à garantir une stabilité et une consolidation institutionnelle», avait-t-il affirmé. Cet appel pressant prouve que le SG du FLN ne compte pas lâcher le morceau et veut, à tout prix, faire passer son projet, en arguant le fait que le système constitutionnel actuel ne clarifie pas bien les prérogatives du chef du gouvernement. En réaction, le représentant du RND a tenu à dire qu'au lieu de revendiquer une révision de la Constitution, il est plus indiqué de s'intéresser d'abord, au règlement des dossiers, actuellement en instance. C'est l'argument qu'avait d'ailleurs avancé le chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia. «Je ne pense pas que le peuple s'intéresse à ces idées politiquement appuyées. J'estime que l'urgence est dans la relance de l'économie nationale et le rétablissement de la paix afin de permettre aux Algériens de vivre dans la prospérité», avait déclaré M.Ouhahia lors de la 6e session du conseil national du RND. Pour le chef du gouvernement, la révision d'un article de la Constitution relève des prérogatives de l'APN. Aussi, Ouyahia rejette le prétexte avancé par Belkhadem et pense que le régime politique actuel est le plus approprié aux réalités du pays. «Si cette révision vise à donner plus de prérogatives au président de la République, je leur rappelle que le régime présidentiel empêche le président de légiférer par ordonnance», précise M.Ouyahia avant de compléter: «Si l'objectif est d'aller vers un régime parlementaire, le système qui a réussi en Angleterre a trouvé ses limites ailleurs». Contrairement au FLN qui fait campagne, depuis des mois, sur la nécessité de modifier la Constitution, le RND se dit préoccupé par le volet économique. «Notre souci actuellement est de participer pleinement à l'application du processus de réconciliation nationale et de développement économique», a précisé M'barek dans sa communication. Il a rappelé que le parti a, depuis sa création, milité pour la défense des principes de la nation. Il est allé loin pour démontrer l'échec de la classe politique dans le règlement de la crise qui a frappé le pays plus d'une décennie. «Si le RND est aujourd'hui un parti solide qui a fait ses preuves sur le terrain, c'est parce qu'il défend une idéologie et ne court pas derrière des intérêts», argumente M'barek. Et d'ajouter: «Nous avons à la tête du RND un homme d'Etat qui sait gérer les choses et qui ne parle pas à la légère». Une allusion, censée peser lourd dans l'équilibre des forces au sein de l'Alliance présidentielle, d'autant que le chef de l'Etat a donné des signaux clairs sur la confiance qu'il porte à son chef du gouvernement.