De nombreuses familles doivent consentir des sacrifices financiers pour maintenir les traditions et faire plaisir à leurs enfants On craignait la réticence des ménages et l'inquiétude des commerçants, mais les incontournables traditions finissent par prendre le dessus. Le faible pouvoir d'achat et la hausse des prix des produits de consommation en ce mois sacré, ne semblent pas impacter l'achat du vêtement de l'Aïd El Fitr. Une tradition qui demeure incontournable pour donner au mois de Ramadhan tout son sens. De nombreuses familles doivent consentir des sacrifices financiers pour maintenir les traditions et faire plaisir à leurs enfants. En effet, devenu depuis quelques années une saignée pour les ménages, l'achat des vêtements de l'Aïd El Fitr, demeure l'une des traditions festives du mois de Ramadhan, que les familles annabies ne sont pas prêtes à abandonner pour rien au monde. «J'ai préféré acheter 'kessouette El Aïd'', avant le Ramadhan, loin du casse-tête de l'encombrement des rues et des magasins», nous dira cette maman qui, en apparence, semble gérer son ménage suivant un calendrier bien organisé. «Mais oui, il faut aussi prendre en considération les dépenses du mois sacré. Entre boutiques de luxe, vêtements chinois, turcs et friperie, les rues et les ruelles de Annaba sont devenues une fourmilière. C'est la grande bousculade dans les magasins de la rue Gambetta, Bouscarrint, l'Emir Abdelkader et Saint-Cloud, ou encore d'autres quartiers huppés de Annaba. Quant à la diversité des vêtements et les prix affichés, où chacun trouve son compte, les pères et mères de familles ont l'embarras du choix entre 1500 et 20 000 DA. En réalité, il n'y a pas eu une réelle augmentation des prix, cela est dû à la baisse du pouvoir d'achat. Ce sont pratiquement les mêmes prix que l'année écoulée à une différence près de 3 à 5%. Questionné au niveau d'un magasin à la rue Bouscarrint, ce père de famille, accompagné de ses trois enfants, a estimé que les prix n'ont pas trop augmenté. «C'est presque les mêmes prix que l'année dernière. Ils ont augmenté de 100 à 200DA pour certains articles», a estimé l'homme qui, interrogé sur l'impact des dépenses ramadhanesques sur l'achat des vêtements de l'Aïd, nous déclarera: «Nous travaillons ma femme et moi, on met chaque année une importante somme d'argent de côté uniquement pour le Ramadhan, couffin et vêtement de l'Aïd en l'occurrence», a expliqué notre interlocuteur. Situation peu ou pas du tout identique pour des centaines de ménages dont le faible pouvoir d'achat influe certes, sur le prix et la qualité du vêtement, mais n'impacte en rien l'achat en lui-même. «Ah non! je ne peux pas laisser mes enfants sans les habits de l'Aïd», s'est écriée cette maman en précisant: «Je leur achète selon mes moyens, il y a des vêtements qui coûtent entre 1000 et 1500 DA, alors j'achète par-ci un pantalon et par-là un pull, mais mes enfants ne doivent pas se sentir frustrés par rapport aux autres», a rétorqué la bonne femme «et puis il faut perpétuer la tradition de l'Aïd Esseghir, sans quoi, on ne sentira pas la joie du jeûne», devait-elle ajouter. Apparemment, c'est cette connotation de la satisfaction qui fait que les familles annabies s'attachent à donner au mois de Ramadhan tout son sens, depuis la consommation spéciale ramadhanesque jusqu'à la confection des gâteaux de l'Aïd en passant par l'achat d'habillement neuf pour leurs enfants. En somme, si certains ménages peuvent se permettre d'acheter leurs vêtements dans des magasins de luxe et spécialisés à des prix hors de portée - qualité oblige - d'autres à faibles revenus sont incapables et donc contraintes de prospecter le marché afin de localiser les produits à des prix raisonnables. Ces derniers inaccessibles pour les familles démunies qui, pérennisant à leur tour le traditionnel achat du vêtement de l'Aïd, trouvent satisfaction dans les étals de la fripe. Un espace qui, des années durant, n'a pas cessé de venir à la rescousse des faibles bourses, pour habiller convenablement leur progéniture, le jour de l'Aïd, tout comme les autres enfants de leur âge. Mais une chose est certaine, si en cette dernière quinzaine du mois de Ramadhan, les familles s'empressent à faire les bonnes affaires, les commerçants du prêt-à-porter eux, ont depuis quelques années adopté un mode de liquidation durant les deux derniers jours. «Les articles achetés aujourd'hui à 2800 DA coûteront 1800 DA à quelques jours seulement de l'Aïd», nous dira ce commerçant du centre-ville. Des propos similaires rapportés par d'autres vendeurs qui disent baisser les prix, une pratique renforçant la solidarité en pareille circonstance.