La chanteuse a été lyrique tout le long de son gala, accélérant parfois le rythme de son spectacle, invitant les présents dans un éther religieux, le soufi. La chanteuse et musicienne Lila Borsali a tenu sa promesse en animant, dans la soirée de samedi à dimanche, son spectacle dans lequel elle n'a pas raté l'occasion de réitérer sa notoriété et la place qu'elle occupe dans le chant au verbe, sonorités et touches musicales tellement exceptionnelles qu'il nécessite des connaissances approfondies en l'interprétant, l'andalou. L'artiste n'a formellement pas déçu ses fans et admirateurs venus en force malgré l'accès payant décidé par l'organisateur à savoir l'Office national de la communication et la culture, l'Onci. N'ayant pas travesti son mode de chant, Lila Borsali, du haut du podium de la somptueuse salle de l'ex- Régent dès qu'elle s'est mise face au public, proposa le très attendu thème, la Soufia. La salle était pleine à craquer, sans le tout-venant. Les spectateurs, à l'aspect original, mais attentifs, étaient composés de connaisseurs du chant défendu par l'école de l'Ouest, très précisément de Tlemcen. Sans coup férir ni brutaliser le spectacle, la chanteuse n'a guère traîné sa démarche ni trahi son énoncé en annonçant artistiquement que son chant n'est pas médisant. Bien au contraire, il repose sur un socle solide, parfaitement arrangé. C'est pour elle l'heure de vérité afin de se hisser davantage dans un tel chant marqué par une concurrence à la fois dévoreuse et dévorante. Autrement dit, toute petite fausse piste équivaut à une chute libre. Lila Borsali, comme tous les artistes qui se sont produits au Régent, ne s'est pas accordée un petit faux pas, à commencer par la mise en place de ses musiciens l'accompagnant. Les sonorités du «qanoun» et celles des autres instruments ne vrombissent aucunement. Elles ne donnent pas non plus de la sensibilité auditive. Bien au contraire, elles intercèdent en donnant un cachet exceptionnel à la Soufia de Borsali, se faisant toute simple et discrète en ralliant la scène à l'heure prévue, sans aucun retard. Lila Borsali, vêtue d'un habit traditionnel, a chanté. Elle est passée sans avoir trompé ni dupé son orchestre. Elle a été lyrique tout le long de son gala, accélérant parfois le rythme de son spectacle, invitant les présents dans un éther religieux, le soufi. C'est d'ailleurs le titre de son produit qu'elle a suggéré dans le spectacle de samedi soir. Circonstances obligent, le spectacle est organisé dans le cadre des animations du mois de Ramadhan, raison pour laquelle Lila Borsali a mis l'accent sur les complaintes et ritournelles soufies comprenant des louanges à Dieu et le dévouement dans l'accomplissement du devoir religieux. Le spectacle de Borsali n'est pas composé de simples généralités. Il est truffé d'articulations complètes, à savoir des citations profondément recherchées et puisées dans le terroir ancestral comprenant le patrimoine consacré dont on peut citer les fragments des sages soufis comme Djallel Eddine Roumi, Ibn Arabi ou encore Sidi Boumediene. C'est d'ailleurs le choix de l'artiste Lila Borsali qui a revivifié, par sa voix envoûtante, un tel legs. En interprétant la Soufia, Borsali traite son sujet tel qu'elle l'entend en haussant le ton tout comme elle diminue la gamme sans «dégammer» ni détonner ou encore sortir des rails. Elle affermit la note de sa tonalité en recommençant régulièrement l'identique refrain accompagnée harmonieusement par les musiciens. Une adorable exposition promptement ovationnée par le public manifestement constitué de très grands connaisseurs dont des familles. Elle poursuit toujours dans un calme parfait en récitant des contes régissant la morale soufie. Lila Borsali met en valeur les textes du patrimoine algérien en le faisant s'exprimer avec l'autre monde. Pour les connaisseurs, le chant de Lila Borsali est une déclamation authentique et émotionnelle d'un tel legs reposant essentiellement sur des enseignements à transmettre de génération en génération, de l'immortaliser. La chanteuse ne se proclamant pas spécialiste du soufisme ni dans l'histoire, fait tout simplement dans la création tout comme elle a fait en «accouchant» du très célèbre chant lyrique dédié à Grenade ou encore «Il était une fois à Grenade». Pour l'artiste, il s'agit des choix de thèmes lui permettant de se raccorder à certaines choses et questions. Pareillement pour l'oeuvre de Lila Borsali qu'elle a mise au monde, la Soufia pour laquelle l'audimat continue à grossir au fur et à mesure de sa proposition. Votre artiste est donc considérée en tant que force de création.