Les médias publics, censés assurer la mission qui leur est dévolue, se sont confinés dans un traitement superficiel, voire folklorique de l'événement. L'échéance électorale du 29 septembre n'a pas suscité un débat politique réel. A l'exception de la campagne de sensibilisation sur les objectifs de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, menée tambour battant par les partis de l'alliance et autres formations et organisations favorables au projet du chef de l'Etat, le débat a été à sens unique. Où sont donc passées les voix discordantes? doit-on s'interroger. Pourquoi veut-on éviter à tout prix le débat, d'autant que tous les Algériens aspirent à la paix et à la stabilité? La réponse est toute simple : les médias publics censés assurer la mission qui leur est dévolue, à savoir répercuter les différentes appréciations autour du projet de charte, se sont confinés dans un traitement superficiel, voire folklorique de l'événement. En sus du temps d'antenne réservé à la campagne sur le projet présidentiel, soit près de 70% du JT. Ce qui, donne en réalité l'effet inverse que celui d'intéresser les téléspectateurs. Par ailleurs, la manière dont sont conçues les émissions, reportages et couvertures des meetings manque d'imagination et de tact à même d'attirer les citoyens. C'est pratiquement les mêmes décors, les mêmes acteurs politiques, dont certains sont à court de crédibilité qui occupent la tribune. Des pseudo partis politiques réapparaissent subitement sur la scène, l'espace d'une campagne, pour replonger dans leur longue «hibernation» après le scrutin. Ce qui porte préjudice à un projet duquel dépend l'avenir de la nation tout entière. Ne dit-on pas que de la discussion jaillit la lumière, surtout que le texte soumis à débat invite à plus d'échanges de points de vue et que ses effets s'étendront au-delà du référendum. Pourtant, au lendemain de l'ouverture politique postoctobre 1988, la radio et la télévision faisaient office d'arènes ouvertes à la compétition politique. Tables rondes, face-à-face et conférences-débat marquaient les programmes des médias lourds, grassement financés par l'argent du contribuable. Ce qui n'est pas le cas à l'occasion de la campagne pour la charte pour la paix et la réconciliation nationale où la plupart des invités sont, soit des responsables de l'Etat soit des universitaires et des journalistes acquis aux thèses officielles. Cependant, le tort n'incombe pas à l'Etat et aux médias publics seuls, puisque même les partis politiques dits de l'opposition ont fait montre ces derniers mois d'un manque d'initiative, notamment après le coup de grâce de l'élection présidentielle d'avril 2004. Par ailleurs, d'aucuns justifieraient cette désertion de la scène politique par l'état d'urgence, interdisant toute marche et/ou rassemblement sur les places publiques, alors que l'activité politique pourrait se traduire par des meetings, des conférences-débat ou à défaut de conférences de presse. Néanmoins, l'impossibilité à ces formations politiques ou autres organisations nationales d'accéder aux médias publics, pénalise lourdement ces derniers. Pour cause, toute voix discordante se voit interdire l'accès non seulement aux médias lourds, mais aussi aux salles de conférence pour animer leurs meetings. Enfin des militants politiques ont été surpris récemment en train de placarder des affiches hostiles au projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale.