C'est certainement une des étapes les plus périlleuses de la nouvelle tournée du successeur de Christopher Ross dans la région. Le représentant personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental est averti. Si sa visite qui a débuté par Alger s'est déroulée dans un bon esprit il n'en sera probablement pas de même lorsqu'il atterrira au Maroc. Les autorités marocaines se montrent toujours peu enclines à s'asseoir autour de la même table que le Front Polisario. Et du coup c'est l'objectif de Horst Köhler d'organiser des négociations directes entre ces deux parties en conflit qui se trouve compromis pour ne pas dire irréalisable. Pour avoir une idée de l'immensité de la tâche il faut savoir que le Maroc ne fait pas du Sahara occidental une question de décolonisation, mais bel et bien une affaire d'intégrité territoriale. Pour le pouvoir marocain l'affaire est donc pliée: il ne restituera pas les territoires sahraouis annexés en 1975. Même s'ils figurent sur la liste de l'ONU des territoires non autonomes qui restent à décoloniser. Le Maroc piétine la justice et la légalité internationale entamant gravement la crédibilité de ses institutions. Et lorsque l'on a pareil interlocuteur face à soi il est pratiquement impossible d'aboutir à une solution juste, équitable qui puisse assurer au peuple sahraoui le droit à l'autodétermination. Ce qui était prévu dans l'accord de cessez-le feu conclu le 6 septembre 1991 entre le Front Polisario et le Maroc. Ce que James Baker, ex-envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental échouera à mettre en oeuvre. Puis il y aura les négociations de Manhasset dont le premier acte se jouera les 19 et 20 juin 2007. Le second round se tiendra les 10 et 11 août de la même année. Le troisième, les 8 et 9 janvier 2008. Le quatrième et dernier round a eu lieu les 18 et 19 mars 2008. Les négociations qui ont été pilotées par Peter van Walsum, envoyé personnel pour le Sahara occidental du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, ne déboucheront sur rien de concret. Christopher Ross lui succédera. Nommé envoyé personnel du SG de l'ONU pour le Sahara occidental en janvier 2009, le diplomate américain réussira à organiser neuf rounds de pourparlers informels dont le dernier s'est tenu entre le 11 et le 13 mars 2012 aux Etats-Unis, à Greentree, Long Island, près de New York. Sans progrès notoire. Puis, c'est l'impasse. Christopher Ross n'étant pas en odeur de sainteté au Maroc. Rabat avait décidé de lui retirer sa confiance de façon unilatérale. «Les comportements contrastés de M.Ross s'écartent des grandes lignes qui ont été tracées par les négociations au Conseil de sécurité. Pour cela, le Maroc a décidé de retirer sa confiance à l'émissaire de l'ONU au Sahara occidental», avait fait savoir le gouvernement marocain au mois de mai 2012. Ses déclarations ont été jugées de «partiales et déséquilibrées» par le pouvoir marocain qui tirera sur toute personnalité qui remettrait en question l'actuel «statut» du Sahara occidental. L'ancien secrétaire général de l'ONU l'apprendra à ses dépens. Le souverain marocain avait décidé d'expulser la majorité de des membres de la Minurso après que, Ban Ki-moon eut qualifié la présence marocaine au Sahara occidental d'«occupation» lors de la visite qu'il avait effectuée au mois de mars 2016 dans les camps de réfugiés sahraouis. L'ancien président allemand sait à quoi s'en tenir. L'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental aura à composer avec un souverain marocain qui nie au peuple sahraoui tout droit à l'autodétermination. «Aucun règlement de l'affaire du Sahara n'est possible en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara, et en dehors de l'Initiative d'autonomie...», avait déclaré Mohammed VI lors de son discours prononcé le 6 novembre 2017 à l'occasion de la célébration du 42ème anniversaire de l'annexion du Sahara occidental. Le roi du Maroc a posé ses conditions qui résonnent comme un défi lancé à la face du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres et de son envoyé spécial. Horst Köhler qui avance incontestablement en terrain miné...