«Je ne suis pas venu acheter vos voix, notre travail a commencé bien avant l'annonce du référendum. Djamel Ould Abbès, ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, qui est allé, jeudi, à la rencontre des victimes du terrorisme des wilayas de Saïda, Mascara, Tissemsilt et Tiaret, a versé dans des conversations purement thérapeutiques en s'entretenant avec «les premiers concernés» par le projet présidentiel. Pour la Solidarité nationale, le lendemain du référendum a d'ores et déjà commencé. Une «panoplie» de mesures réglementaires a été décidée à l'adresse de toutes les franges victimes de la décennie noire, supposant leur prise en charge «morale et matérielle». Cet arsenal devra être renforcé, selon le ministre, par des décrets exécutifs et projets de loi tendant à garantir une prise en charge «sans faute et sans exclusion». Il s'est étalé ensuite sur l'épineux dossier des disparus pour dire que cette question «existe bel et bien, mais nous refusons de culpabiliser l'Etat et ses éléments». Car, de son avis, «cette interprétation est faite par des ONG internationales qui sont à l'origine de la fameuse question de qui tue qui?». A Mascara, les victimes du terrorisme attendaient dans les locaux de la wilaya l'arrivée, tant attendue, du ministre. Ould Abbès expliqua aux familles que son «plan de promotion et de protection des familles victimes de la tragédie nationale» donnera toutes les priorités aux veuves et aux orphelins victimes de la « tragédie nationale », mais aussi aux familles des disparus, après étude de chaque cas. Evoquant justement sa feuille de route, le ministre fera savoir que 1650 logements en cours de construction, d'une cagnotte de 170 milliards de dinars, sont destinés à ces mêmes familles. Il a passé neuf mois dans les maquis de Tiaret, un jeune «ex-terroriste» considère que la «réconciliation est la seule alternative pour le peuple algérien». Au moment où le jeune faisait ses confessions, nous sommes illico entourés par d'autres de ses anciens «frères de combat». L'un d'entre eux, qui «s'est rendu à la raison», est devenu aujourd'hui patriote. Les autres, voulant garder l'anonymat, ont réintégré la société et les leurs «grâce à la loi sur la rahma et la concorde civile». Le ministre de la Solidarité, visiblement satisfait, explique devant un parterre constitué surtout de repentis et des familles victimes du terrorisme qu'aucune «véritable» victime ne sera exclue. A notre retour, un gendarme qui nous conduisait à l'aéroport de Tiaret nous fait savoir qu'environ 200 ex-terroristes se sont rendus, tandis qu'une vingtaine, toujours dans les maquis, sont cernés par les forces de l'ANP. Faut-il souligner que les quatre wilayas ont bénéficié de 86 bus pour le transport scolaire, des fauteuils roulants pour handicapés, trousseaux scolaires et habillement. Des enveloppes budgétaires ont été également dégagées pour l'opération Ramadan.