Le chef historique du groupe islamique armé dit être prêt à assumer pleinement ses responsabilités dans une perspective de paix. Dans un communiqué datant du 22 septembre, et dont L'Expression détient une copie, le chef historique du GIA, Abdelhak Layada, évoque par le biais de son fils Adlane, les grandes lignes de la réconciliation nationale qu'il qualifie de «choix inéluctable». «La charte pour la paix et la réconciliation nationale - que nous appuyons par notre libre choix - requiert de nous que nous tirions les leçons nécessaires de nos erreurs et de celles des autres, et que les erreurs du passé soient la clé de notre problème d'aujourd'hui (...) la solution que propose le président de la République ne peut se faire qu'en Algérie et entre les Algériens et on peut la considérer comme une plate-forme décisive pour une vie plus sûre et une orientation vers la fin de la crise», estime le prisonnier de Serkadji. Layada se lamente que la charte n'ait pas précisé que la réconciliation doit se faire entre telle et telle partie afin que le débat soit plus clair, plus sincère et plus juste: «Quand on parle de retour à la paix, cela implique qu'il y avait une situation de guerre, et quand il y a guerre, ce sont les belligérants qui délimitent les contours de la paix et de ses implications (...) la charte, en fait, se pose comme une thérapie sécuritaire et sociale à la crise tandis que son volet politique est occulté.» Malgré toutes les observations soulevées çà et là, Layada estime que la charte est un document qui «permet d'espérer» notamment quand il propose le dédommagement à tous ceux qui ont souffert de la tragédie nationale (...) et affirme qu'il «appuie» de ce fait «cette charte pour la paix». Layada estime qu'il y a encore fort à faire face aux éradicteurs et à ceux qui sont hostiles à la paix et à la réconciliation: «Il faut faire échec à ceux-là et faire en sorte que le sang ne coule plus jamais.» En prison, depuis pratiquement douze années ( par un curieux événement, Layada a été remis par le Palais Royal aux autorités algériennes le 29 septembre 1993, c'est-à-dire douze ans, jour pour jour, avant le référendum pour le projet de charte, ndlr), Abdelhak Layada, avait été le premier émir du GIA, constitué à partir de la fin d'octobre 1992 à El Merdja dans la périphérie de Baraki. Composé des groupes de la Mitidja, de Mohamed Allel et de Mansouri Miliani, le GIA avait alors consacré l'hégémonie de la jeunesse islamiste urbaine au détriment du MIA, composé des « stars » âgés de l'insurection islamiste (Chebouti, Hocine Abderahim, Mekhloufi, etc.) Layada, dès son accession à la tête du GIA constitué, avait établi les premiers codes de conduite, une sorte de règlement intérieur, et avait désigné les émirs locaux (nov 1992 à janvier 1993). En mars 1993, il part pour le Maroc, où il sera «pris en charge» par le Palais royal, qui tentera sur plusieurs semaines de négocier. Le «deal» était, selon les propres aveux de Driss El Basri, en 2004, aux quotidiens espagnols El Mundo et ABC, que Layada bénéficie d'une base de repli au sud du Maroc, avec toute la logistique nécessaire, en contrepartie de quoi, il devait liquider des opposants politiques sahraouis et marocains, présents à Alger. La négociation n'a pas marché et Layada a été, en désespoir de cause, remis à l'Algérie. Agé aujourd'hui de 47 ans, Layada reste notamment doté d'une incontestable aura au- près des groupes armés pour avoir été le chef historique du GIA. Négociateur lors de la mutinerie de Serkadji en 1995 et lors du détournement de l'airbus français en décembre 1994, les autorités lui concèdent d'avoir encore une certaine influence sur les groupes encore en armes...