L'ancien responsable du CC-FIS affiche une attitude circonspecte vis-à-vis du projet de charte. Dans un communiqué de presse datant du 24 septembre, et dont L'Expression a été destinataire d'une copie, Mourad D'hina, dit avoir été convié par les autorités algériennes en vue d'engager un dialogue sur le projet de réconciliation et de paix. D'hina nomme son interlocuteur «le contact» et précise qu'après avoir étudié la question, il a pris la décision de décliner l'offre. En trois points, il énumère ses motifs : premièrement, il dit que la charte n'a pas été soumise à débat, et que, de ce fait, elle n'est pas «discutable». Deuxièmement, il refuse de jouer «la carte de caution» dans ce qu'il qualifie de «propagande» destinée à donner l'impression d'une adhésion générale au projet. Troisièmement, D'hina dit avoir informé le «ministre, mandaté» qu'il restait prêt à «oeuvrer pour la paix, la sécurité, la résolution du conflit et la véritable réconciliation dans le cas où le climat de débat contradictoire serait à l'ordre du jour et que le climat général serait propice à la libre expression». D'hina pense que le référendum du 29 septembre 2005 a été établi «sans consultation de la classe politique», qu'il fait l'impasse sur les véritables motifs de la crise algérienne. Et, de ce fait, il pense que «le suffrage ne peut être libre car il a lieu dans un climat d'encerclement et de tension sécuritaire dû à l'état d'urgence que le pouvoir refuse de lever. L'avis contraire n'a aucune chance de s'exprimer dans le cadre d'une campagne à sens unique qui nous rappelle les pratiques des régimes totalitaires et répressifs. Même la presse est menacée de lourdes sanctions et n'ose même pas publier les opinions qui ne font pas l'éloge du discours officiel». Universitaire brillant, D'hina avait organisé le fameux «congrès de Bruxelles» en 2002, à la suite duquel il prit momentanément la tête du FIS à l'étranger, avant de se retirer subitement. Classé dans le chapitre de l'intelligentsia du FIS proche des djazaâristes, D'hina est aujourd'hui âgé de 45 ans et vit à Genève. Titulaire d'un PHD obtenu au Massachusetts Institue of Technology, en 1987, sous la direction du prix Nobel de physique Samuel Ting, il adhère au FIS dès 1989. Il vit en Suisse et travaillait à l'Ecole polytechnique Fédérale de Zurich, en tant que chercheur au Cern, avant de connaître ses premiers démêlés avec les autorités helvétiques. Actuellement, il travaille en tant que consultant en informatique.