Le chef djazaâriste semble continuer le mouvement de noyautage lancé de longue date pour faire une OPA sur l'islamisme. Mourad D'hina, le responsable du bureau exécutif national, installé après le mini-congrès clandestin de Bruxelles, a rendu public un communiqué dans lequel il lance des critiques acérées, à peine voilées à l'endroit de ses compagnons du FIS. Cette critique acerbe fait suite au communiqué de presse signé et diffusé par le «groupe des six», dont D'hina lui-même fait partie, et qui initie «une action politique pour une sortie de crise». Ce document, signé par trois leaders de la mouvance algéroise de l'ex-FIS, Ali Djeddi, Kamel Guemazi, Abdelkader Boukhamkham et trois autres vivants à l'étranger, Mourad D'hina (Suisse), Rabah Kebir (Allemagne) et Omar Abdelkader (Pays-Bas). Ce document qui semble faire pièce à l'«initiative de paix» lancée par Abassi Madani, lequel n'a reçu aucun écho favorable, a été appuyé par six leaders de l'ex-FIS, qui en l'absence de Benhadj constituent l'ossature du mouvement. Ledit document dresse un tableau sombre de l'Algérie, des droits de l'homme et de la situation politique et sociale, à la veille de l'élection présidentielle. Cette élection est appréhendée avec beaucoup de circonspection par le FIS, qui «attend le moment opportun pour s'exprimer», en prenant en compte «ce dont le peuple peut bénéficier, telles la fin de ses souffrances et la réalisation de ses espoirs.» Le lendemain de la diffusion, Mourad D'hina s'exprime à travers son site internet qu'il «n'a été ni informé ni consulté sur le contenu de ce communiqué avant sa publication». Il enfonce le clou encore plus en précisant que «conformément au règlement intérieur du FIS, les communiqués du bureau exécutif national du FIS sont signés par le responsable de ce bureau», en l'occurrence Mourad D'hina lui-même. En termes clairs, D'hina dénie aux autres membres du FIS le droit de s'exprimer dans le cadre d'une «structure officielle et reconnue», puisque c'est lui, et lui seul qui a été désigné par les participants au congrès clandestin tenu à Bruxelles et qui a bénéficié de l'appui de Abassi Madani. Cela s'est passé il y a quatorze mois et depuis lors, D'hina se comporte en véritable patron de l'ex-FIS, au grand dam des leaders restés à Alger (Djeddi, Guemazi, Boukhamkham et Omar Abdelkader, avant son «exil»). Ceux-ci dénient le droit à D'hina de parler en tant que chef de parti et le dénoncent en cachette, comme «chef de file de la mouvance djazaâriste qui tente depuis 1991 de faire main basse sur le FIS». Mourad D'hina est né le 6 août 1956 à Blida, au sein d'une famille originaire de Laghouat. Diplômé de l'université de Bab Ezzouar avant d'obtenir un PHD au MIT (le célèbre Massachussetts Institute of Technology) sous la direction du prix Nobel de physique, le professeur Samuel Ting. D'hina n'a pas été parmi les membres fondateurs du FIS, mais a toujours et secrètement activé à la périphérie. Réfugié en France, en Belgique, il opte enfin pour la capitale helvétique et s'y installe. En 1995, les autorités helvétiques rejettent sa demande d'asile politique. Depuis, il est toléré et surveillé de près par les services spéciaux de Genève suite à deux affaires auxquelles il avait été impliqué et qui avaient trait à un trafic de papiers. Il y exerce aujourd'hui en tant que consultant en informatique.