Il qualifie ceux qui entrent dans cette «houdna politique» d'opportunistes. Dans un communiqué rédigé et diffusé le 28 mars à Genève, le porte-parole du CC-FIS qualifie les prochaines élections législatives d'«alibi concocté par le pouvoir afin de légitimer son régime». Accrochant tour à tour l'organisation des élections «mascarades», le Sénat et l'APN, qu'il qualifie de «Chambres de résonance», les ministres et le Président de la République lui-même, le communiqué charge particulièrement Ouyahia et énumère tous les problèmes de fond que les élections peuvent régler, mais qui ne le seront pas «dans cette nouvelle mascarade». Le groupe D'hina rappelle que son engagement dans une élection ne peut se faire sans la révision des principes qui doivent l'accompagner, à savoir le respect des droits de la personne humaine, l'absence de coercition, le libre accès aux urnes, la liberté de contester les irrégularités, etc. Aussi, met-il en avant six conditions au bon déroulement de cette élection et propose que l'administration soit non partisane, que la Constitution protége la loi électorale, que l'accès aux ressources pour la campagne, au suffrage et aux bureaux de vote, ainsi qu'au décompte final soit équitable, transparent et ouvert. Le groupe D'hina qualifie ceux qui, au nom des islamistes et des démocrates, entrent dans cette «houdna politique», d'opportunistes attirés par le seul miroitement des privilèges et des gratifications. Les événements de Kabylie, étant trop importants pour les passer sous silence, le CC-FIS affirme que «participer à ces élections reviendrait à légitimer la brutalité de la répression en Kabylie». Le groupe D'hina termine son communiqué en donnant un cachet de légalité à son boycott, qui s'appuie, dit-il, sur «l'avis donné par ses chouyoukh», et sur le fait que cette élection constitue un faux témoignage (chahadet zour) et appelle, de fait, à son rejet, incitant la communauté internationale à prendre ses distances et ses responsabilités vis-à-vis de ce qui se passe en Algérie. Voilà donc la réaction d'une aile politique du parti dissous à l'étranger, et qui est destinée exclusivement à consommer chaud. Car ne perdons pas de vue que cette déclaration - la première officielle depuis plus de six mois - intervient à Genève même, c'est-à-dire là où se tient actuellement la 58e session de la Commission des droits de l'Homme de l'ONU. Le groupe D'hina, qui compte outre Mourad D'hina, docteur en physique nucléaire et qui entretient des relations privilégiées avec les autorités helvétiques, Ahmed Zaoui, Abdellah Anas et Kamreddine Kherbane, a été investi dans ses fonctions de conseil de coordination pour mener à terme l'organisation du congrès du FIS à l'étranger. Les événements du 11 septembre ont pratiquement fait capoter ce projet, mais le groupe a continué à entreprendre des contacts avec les autres groupes d'activistes islamistes européens, en attendant que les choses se gâtent. Le CC-FIS est, en réalité, en concurrence - mieux en conflit ouvert - avec la DE-FIS (la délégation exécutive) que préside Rabah Kébir et se veut la locomotive du parti dissous à l'étranger, contrairement la DE-FIS, plus conciliante et qui a porté à bras-le-corps la «concorde civile» initiée par le Président de la République avec l'AIS et d'autres groupes armés et qui a permis de «récupérer» plus de 5.000 hommes. Le groupe suisse de D'hina, auquel il faudrait ajouter Ouchène Rachid, Aroua, Ahmed Mebrouk et Boumaâraf Kamel, tous activistes connus des services de sécurité et bénéficiant dans les cantons suisses, de facilités avec les polices locales pour le moins suspectes, avait fait le même scénario l'année dernière, lors de la tenue de la 57e session de la Commission des droits de l'Homme de l'ONU, placardant des affiches, à la périphérie des mosquées de Genève et incitant la communauté algérienne qui y vit à entreprendre une poussée en vue de faire entendre «saout el djabha», de nouveau Le CC-FIS n'est, en fait, ni influent et ne bénéficie pas du soutien de toute la direction de l'ex-FIS. Hormis Abassi Madani, Ali Djeddi et Guemazi, tous les autres lui dénient le droit de s'exprimer au nom de la direction du parti.