Le président du MSP s'est dit opposé à l'exclusion politique définitive des dirigeants du parti dissous. Le MSP au secours de l'ex-FIS. Etrange, en effet, cette combinaison politique «prêchée» hier par le président de l'ex-Hamas lors d'une conférence de presse au Centre international de presse (CIP) à Alger. Si le président de la République, lui, a scellé à jamais le sort politique des anciens dirigeants du parti dissous, Boudjerra Soltani joue à dessein au miséricordieux. Il prône des peines moins sévères, tout en se disant farouchement opposé à l'exclusion définitive des ex-Fisistes de l'exercice politique, décision du chef de l'Etat, le ministre sans portefeuille, sans le nommer, appelle celui-ci à revoir ses cartes sur cette question. Mais pas plus. Le leader du MSP n'ira pas plus loin. Par prudence et au risque d'écorcher le président Bouteflika, il refuse toutefois un retour rapide de ces derniers sur la scène politique. Au point de leur dénier la participation aux prochaines élections locales et législatives de 2007 et même les présidentielles de 2009. «Chaque sanction est limitée dans le temps», tranche-t-il. Les raisons d'une telle clémence, M.Soltani les résume lorsqu'il évoque les responsables de la tragédie: «Ils (les dirigeants de l'ex-FIS) ne sont pas les seuls responsables. Une autre partie (sans la citer nommément) en porte aussi le chapeau», clame-t-il pour se lancer par la suite aux trousses des opposants de la charte pour la paix auxquels il reproche leur «incapacité» à proposer une solution alternative. L'allusion au FFS, RCD, et MDS et autres partis qui ont rejeté le projet présidentiel, est on ne peut plus claire. L'ancien ministre du Travail et de la Sécurité sociale apprend par ailleurs qu'une fois votée, la mise en oeuvre de la charte se fera sous forme d'une série de décrets exécutifs selon la spécificité de chaque situation. Et c'est évidemment au chef de l'Etat, qu'échoit cette tâche. Car, à en croire M.Soltani, Bouteflika aura après l'adoption du texte, les coudées franches et jouira, ainsi, de très larges prérogatives. Le président, ira-t-il, comme la presse s'en est fait écho récemment, vers un amendement de la Constitution qui lui permettra un troisième mandat? Prudent, le chef du MSP n'en dira pas plus. Il juge légitimes les propositions du FLN sur la révision constitutionnelle, comme il dit respecter la vive opposition du RND à tout changement. Prudence, prudence ! Toutefois, «les suggestions de Belkhadem (SG du FLN) obéissent beaucoup plus à leur vision partisane», résume-t-il. Jouant à l'infirmier M.Soltani, contrairement à ce que pense le président de la République, voit en la loi sur la rahma le premier «vaccin» de la réconciliation et non la loi sur la concorde civile. Celle-ci viendrait, selon lui, en seconde position avant la troisième piqûre qu'est la charte pour la paix. Il prévoit même d'autres injections dans l'avenir «si la douleur se fait encore sentir». Sur les disparus, le cheikh n'a pas innové. Bien qu'il dit comprendre et partager les douleurs des familles concernées, il préfère s'astreindre aux suggestions de la charte, dont la réhabilitation juridique et la réparation financière. Les propositions de sortie de crise formulées par le FFS et Abdelhamid Mehri, ancien SG du FLN, ne font pas mouche puisque, dit-il, ce sont des «ichtihadates» respectables. Interrogé sur les raisons du retrait en 1995 du MSP du contrat de Rome (Sant'Egidio), il indique que les jeux étaient faits bien avant la participation de son parti et c'est la raison pour laquelle le défunt Mahfoud Nahnah- fondateur et ancien président du MSP- a décidé de rappeler ses troupes de la capitale italienne.