Le MSP de Bouguerra Soltani interprète à sa guise les textes d'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Ayant exhumé auparavant l'idée de l'amnistie générale, le président du MSP revient cette fois-ci pour décréter comme éternel le projet de la charte. Arrivé à expiration, le 31 août dernier, le délai accordé par ladite charte aux terroristes pour se repentir est, selon Bouguerra Soltani, « toujours en vigueur et pourrait même se poursuivre au-delà du mandat actuel du président Bouteflika ». « La réconciliation nationale est un processus continu et pas une décision politique », a estimé Bouguerra Soltani en marge d'une rencontre organisée, hier, au théâtre de Verdure (ex-CIP), à l'occasion de la célébration du 48e anniversaire de la création du GPRA. Avant d'ajouter : « La charte est valable jusqu'en 2009 et même au-delà si le Président élu demande la prorogation de son délai. » Il est clair que le chef islamiste du MSP veut arracher le maximum de concessions en faveur des islamistes. Il relance ses velléités du projet d'amnistie en affirmant, lorsqu'il a été interrogé sur la possibilité d'amnistier certains dirigeants de l'ex-FIS, que « la charte pour la paix et la réconciliation nationale a été approuvée par le peuple, pas pour des personnes précises ». Son souhait va au-delà puisqu'il pense que l'ex-chef de l'instance exécutive de l'ex-Fis, Rabah Kébir, rentré avant-hier au pays, est dans ses droits de créer son propre parti. « Kébir n'a pas revendiqué le retour de l'ex-Fis. La loi ne lui interdit pas de créer un parti », a-t-il répondu à une question sur ce qu'il pense du vœu de cet ex-responsable du FIS de relancer le parti dissous. Bouguerra Soltani n'exclut pas l'éventualité d'une rencontre dans les prochains jours avec Rabah Kébir si ce dernier le désire. « S'il demande audience, les portes du parti sont grandes ouvertes », dit-il. Le président du MSP ne voulait pas polémiquer sur la venue de Kébir, il a simplement estimé que « celui-ci est revenu dans son propre pays et il est le bienvenu ». Pour Bouguerra Soltani, enfin, la présence ou non de Kébir en Algérie ne va pas influer sur le processus de paix déjà engagé.