Maintenir la stabilité du marché pétrolier Tous les regards seront braqués sur l'Algérie qui abritera cette rencontre après avoir été la cheville ouvrière de l'accord historique qui a permis au marché de se rééquilibrer et aux prix de rebondir. La page de la dégringolade des prix du pétrole est vraisemblablement tournée. L'Algérie qui n'y est pas étrangère va retrouver ses partenaires qui ont contribué à inverser la tendance. Des retrouvailles moins stressantes qu'il n'y a deux ans qui vont permettre de faire le bilan de leur action qui a permis aux cours de l'or noir de se redresser. «Cette rencontre permettra aux pays de l'Opep de se concerter pour maintenir la stabilité du marché pétrolier», a indiqué, jeudi, le ministre de l'Energie Mustapha Guitouni. La prochaine réunion de l'Organisation des pays producteurs de pétrole se tiendra donc à Alger vers la fin du mois de septembre. Tous les regards seront braqués sur l'Algérie qui a été la cheville ouvrière de l'accord qui a mis fin à la dégringolade des prix. Plus de deux ans de maturation ont été nécessaires pour que l'initiative algérienne se concrétise. Cela ne s'est pas fait sur un coup de baguette magique. Il aura fallu tout le savoir-faire de la diplomatie algérienne pour dépasser des différends profonds, ne pas froisser des égo et des susceptibilités à fleur de peau. Un parcours semé d'embûches qu'il a fallu déblayer. Il y a eu dans un premier temps l'espoir suscité par l'accord de Doha qui devait battre en brèche le statu quo imposé par l'Arabie saoudite. Le chef de file du cartel avait opté pour un glissement des prix. L'accord de Doha qui devait y mettre fin a été torpillé par Riyadh et Téhéran lors du Sommet des pays producteurs qui s'est tenu le 17 avril 2016 au Qatar. La haine ancestrale que se vouent le Royaume wahhabite et la République islamique d'Iran, deux poids lourds de l'Opep, a tué dans l'oeuf cette tentative qui consistait à requinquer le baril. Après cet échec cuisant qui aurait dû déboucher sur un gel de la production des pays producteurs, l'offensive diplomatique sans précédent, lancée par l'Algérie et initiée par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, pour sensibiliser les pays producteurs (Opep et non-Opep) à la dégringolade des prix du pétrole allait entrer en scène. Le 28 septembre 2016 lors d'un sommet qui s'est tenu en marge du 15ème Forum international de l'énergie l'Opep a décidé de baisser sa production pour mettre fin à la chute des prix. Une mesure à laquelle se rallieront 11 pays hors Opep dont la Russie. «La décision historique, prise le 28 septembre 2016 en Algérie par les pays Opep et non Opep, a permis une augmentation des cours en 2017 et une relance des investissements» a souligné Mustapha Guitouni lors d'une conférence de presse tenue, jeudi, à l'issue de la présentation du bilan énergétique de 2017. Elle a débouché, le 10 décembre 2016 à Vienne, sur une baisse de leur production de près de 2 millions de barils par jour. «Cette entente des 14 pays de l'organisation avec 10 autres pays producteurs non Opep a permis de retirer du marché une quantité de 1,8 million de barils/jour et de raffermir les cours qui varient actuellement entre 70 et 80 dollars le baril», a rappelé le ministre de l'énergie. Une fourchette de prix qui permet aux économies des pays producteurs qui dépendent essentiellement de leurs revenus pétroliers de desserrer l'étreinte. Une situation qui n'est pas du goût du président des Etats-Unis qui trouve que les prix du pétrole sont très élevés. Ce qui a poussé Donald Trump à solliciter l'Arabie saoudite, membre influent de l'alliance Opep-non Opep et gros producteur mondial, pour les faire baisser. Le «coup de force»consiste à mettre plus de pétrole sur le marché pour pallier une offre déclinante qui favoriserait une envolée des cours de l'or noir. Une décision unilatérale qui vise à fracturer la coalition Opep-non Opep. A lui donner un coup de canif. L'Algérie a réagi. «Les décisions ne peuvent être prises qu'unanimement, selon les statuts de l'organisation.» a assuré Mustapha Guitouni. D'autres facteurs montrent que l' «opération» du locataire de la Maison-Blanche est vouée à l'échec. Nul n'ignore que le Royaume wahhabite a été durement touché par la dégringolade des prix du pétrole qui lui a occasionné un déficit budgétaire historique de près de 100 milliards de dollars en 2015. Riyadh réfléchira sans doute à deux fois avant de répondre favorablement au successeur de Barack Obama. Le sommet de l'Opep qui se tiendra dans un peu plus de deux mois offrira l'opportunité de faire le point sur la question. La réplique parviendra d'Alger.