Une vue de la réunion de l'Opep dans la capitale autrichienne C'est le fruit de l'offensive diplomatique d'envergure et sans précédent, initiée par le chef de l'Etat pour sensibiliser les pays producteurs Opep et non Opep. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole a décidé, hier, à Vienne de réduire sa production de pétrole à 32,5 millions de barils/jour à partir du 1er janvier 2017, a annoncé son président Mohamed Saleh Al Sada. «L'Accord est de réduire d'environ 1,2 mbj pour porter la production à 32,5 mbj à compter du 1er janvier 2017», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion ministérielle ordinaire de l'Opep. Ainsi, le succès de ce 171ème Sommet de l'Opep est éclatant. A l'image de la diplomatie algérienne qui a joué un rôle de premier plan dans sa réussite. Il faut en effet rappeler que l'accord conclu hier est le fruit de longues et ardues tractations menées tambour battant sans relâche avec une détermination et un optimisme sans commune mesure par le ministre de l'Energie Nourredine Bouterfa qui a réussi à gommer le différend entre Riyadh et Téhéran. Convaincre l'Arabie saoudite, chef de file de l'organisation, gros producteur mondial qui, au plus fort de la dégringolade des prix du pétrole, avait décidé de ne pas bouger le petit doigt quel que soit le niveau du baril, n'était pas uniquement chose aisée, mais relevait pratiquement du miracle. Il n'y a pas encore trop longtemps opposé à toute réduction de la production. Le Royaume wahabbite avait estimé que cela conduirait à un rééquilibrage de lui-même du marché. Une stratégie qui ne s'est pas avérée payante. La brèche était ouverte. L'offensive diplomatique d'envergure et sans précédent, lancée par l'Algérie et initiée par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, pour sensibiliser les pays producteurs (Opep et non Opep) à la dégringolade des prix du pétrole, s'y est frayé un passage. Trois hommes ont été chargés d'ouvrir un front diplomatique pour que cet objectif de longue haleine se concrétise. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal devait sensibiliser les chefs d'Etat africains à travers des messages que leur avait adressés le président de la République, l'actuel ministre de la Justice s'est déplacé à Riyadh pour faire fléchir la position du chef de file de l'Opep qui avait opté pour le statu quo alors que les prix du pétrole s'enfonçaient. L'ex-ministre de l'Energie Youcef Yousfi, s'est rendu en Azerbaïdjan, importante puissance pétrolière régionale du Caucase, où il a été reçu par le président de l'Azerbaïdjan, Ilhem Aliyev, à qui il a remis un message du chef de l'Etat (lire L'Expression du 5 octobre 2016)... L'initiative devait attendre son heure. La réunion de Doha du 17 avril 2016 qui s'est achevée sur un échec cinglant allait lui ouvrir le chemin. Le sommet informel de l'Opep qui s'est tenu à Alger le 28 septembre en marge du 15ème Sommet de l'Opep lui a tendu les bras. Il a été couronné par un accord qualifié, unanimement, d'historique par les médias et les experts internationaux. Il faudra attendre cependant deux mois pour qu'il soit consacré. Les informations distillées au compte-gouttes par les «14» étaient interprétées comme des indices de dissensions au sein de l'organisation. Le marché évoluait au gré des analyses d'experts. Plus enclins à faire grise mine, au point de voir les cours de l'or noir s'enfoncer à nouveau. L'Algérie hausse le ton. Son ministre de l'Energie insistera sur ce qu'auront à gagner les membres de l'Opep en appliquant l'accord d'Alger. «Si un accord était trouvé à Vienne (le 30 novembre, Ndlr), le prix du baril pourrait remonter à 60 dollars d'ici la fin de l'année contre moins de 50 actuellement» autrement «ce sera une sanction du marché qui pourrait conduire les prix à chuter en dessous du seuil des 40 dollars», a averti Nourredine Bouterfa. La mise en garde a été reçue cinq sur cinq. Hier, après plus de 6 heures de tractations, l'Opep a décidé de réduire sa production de 1,2 million de barils par jour. L'Arabie saoudite s'est engagée à réduire la sienne de 400.000 barils par jour, l'Algérie de 50.000 barils par jour alors que l'Iran a été autorisé à geler son offre à 3,8 millions de barils par jour. Le Nigeria et la Lybie ont été exemptés. Résultat: les prix du pétrole ont bondi de plus de 8%. Hier vers 17h00 à Alger le baril de Brent de la mer du Nord affichait 51,60 dollars. Soit un gain de plus de 4 dollars par rapport à la veille. Le marché pétrolier s'est brutalement réveillé...Comme un volcan qui sommeillait.