Le RND est, il faut le dire, la dernière carte que jouera le MSP Le niet catégorique de l'Armée; sèchement exprimé par le général Ahmed Gaïd Salah à la formation politique de Makri, a vidé la rencontre MSP-RND de son sens. Abderrezak Makri rencontre, aujourd'hui, Ahmed Ouyahia, pour lui présenter son initiative de «consensus national». Mais il semble bien que ce rendez-vous ne revêt plus l'importance qu'il suscitait à son annonce car le niet catégorique de l'armée sèchement exprimé par le général Ahmed Gaïd Salah à la formation politique de Makri, l'a vidé de son sens. Mais pas seulement. L'appel du président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) à l'institution militaire pour accompagner une période de transition, n'a suscité l'adhésion d'aucun parti politique ni de l'opposition ni de la majorité. Le FLN, sans surprise aucune, a réservé une fin de non-recevoir à l'initiative du MSP. La période de transition n'a pas trouvé grâce également aux yeux du MPA ni aux yeux du FFS et du RCD. Elle ne risque nullement d'être accueillie à bras ouverts chez Ahmed Ouyahia qui a déjà répondu à ceux qui cherchent à «mêler l'armée à la politique». Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND) avait, faut-il le rappeler, soutenu en 2017 sur les ondes de la Radio nationale, que ceux qui appellent à l'intervention de l'armée sur la scène politique sont des «affabulateurs, incapables de défendre leurs propres positions et qui attendent encore les chars pour les ramener au pouvoir». Que va dire de plus Ahmed Ouyahia à Abderrezzak Makri aujourd'hui? Ce dernier pense-t-il réellement qu'il va réussir à convaincre le parti du Premier ministre de son initiative? Le RND est, il faut le dire, la dernière carte que jouera le MSP. Mais ironie du sort, Abderrezzak Makri va devoir jouer cette carte de la dernière chance auprès d'un Ahmed Ouyahia avec lequel il n'a jamais enterré la hache de guerre. Les deux hommes n'ont jamais raté une opportunité pour se tirer dessus. Cependant, le MSP et le RND ont été, dans un passé récent, des alliés. C'était à l'époque où ils composaient avec le FLN, l'Alliance présidentielle qui a dirigé le gouvernement. «Les liens avec le MSP ne sont pas un fait nouveau pour nous. Nous avons déjà travaillé ensemble pendant des années, au sein de l'Alliance présidentielle et au gouvernement. Et le MSP a eu à confirmer à diverses, occasions ses orientations nationalistes et son attachement à l'intérêt suprême du pays», a d'ailleurs expliqué récemment au quotidien El Khabar, Seddik Chihab, le numéro deux au RND. Ce dernier a souligné que le MSP n'a jamais eu des positions hostiles qui pouvaient constituer une raison pour ne pas le rencontrer. Pour Seddik Chihab, le RND va analyser la proposition du MSP avec la prudence qu'elle nécessite. «Si ses intentions sont bonnes, nous allons les accueillir positivement, mais si elles représentent un risque de nous faire retourner à la case départ, alors nous allons les rejeter», a déclaré le porte-parole du RND. Et ce dernier semble avoir bien choisi ses mots en paraphrasant son secrétaire général qui a toujours considéré que les appels, qu'ils soient pour l'élection d'une Constituante, pour une période de transition ou concernant l'intervention de l'armée dans la politique, constituent un retour à la case départ. Ce qui présage d'un échec annoncé de la rencontre d'aujourd'hui. A bien voir, le président du MSP a mal évalué la scène politique et les rapports de force avant de dévoiler son initiative. Abderrezak Makri a surestimé le poids de sa formation politique en appelant à un consensus qui consiste non pas uniquement à former un gouvernement d'entente élargi à toutes les formations politiques, mais qui vise, en finalité, à adopter une position commune vis-à-vis de la prochaine échéance présidentielle. Une question vis-à-vis de laquelle, des partis comme le FLN et le RND ont déjà tranché. Le MSP devra donc, face aux critiques qu'il essuie de toutes parts, revoir sa copie.