Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) Clairement et à plusieurs reprises, Ahmed Gaïd Salah a répondu à ceux qui aiment bien se bercer d'illusions: «L'Armée demeurera une armée républicaine, engagée à défendre la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale du pays, protégeant l'indépendance.» Abderezzak Makri doit refaire ses classes. Pour un homme politique aguerri, il doit au moins relire la Constitution. La Loi fondamentale définit clairement le rôle de l'Armée nationale populaire et le confine dans «la sauvegarde de l'indépendance nationale et la défense de la souveraineté nationale» et dans l'assurance de «la défense de l'unité et de l'intégrité territoriale du pays, ainsi que la protection de son espace terrestre, de son espace aérien et des différentes zones de son domaine maritime». Or, le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) cherche à impliquer l'institution militaire dans le jeu politique. Il l'invite même à assurer la transition politique dans le cadre d'une initiative qu'il vient de lancer et pour laquelle il fait la tournée des popotes des partis politiques. Makri doit rencontrer demain Djamel Ould Abbès, le secrétaire général du FLN qui reste tout à fait disposé à écouter les propositions du parti du défunt Mahfoud Nahnah. Mais uniquement les propositions qui portent sur l'intérêt suprême du pays et du peuple et qui s'inscrivent dans le registre de la légalité. Pour toute autre proposition, le niet du FLN ne fait aucun doute. Aucun terrain d'entente ne pourra être trouvé entre la formation islamiste, qui propose l'enterrement d'un mandat supplémentaire pour le président, et le FLN qui, lui, a été le premier à appeler le chef de l'Etat à poursuivre son oeuvre. L'échec des consultations ne sera donc pas une surprise. Un revers qui se répètera sûrement lors de la présentation de cette initiative au parti de Ahmed Ouyahia dont la formation politique s'inscrit également dans le soutien d'un nouveau mandat pour le président de la République. Le refus de l'initiative de Abderezzak Makri par le FLN et le RND n'est pas uniquement la conséquence de leur soutien inconditionnel au président Abdelaziz Bouteflika mais aussi en raison de leur refus de concevoir un appel au changement par la force de l'armée. Louisa Hanoune avait déjà fait sienne cette position, faut-il le rappeler. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) dont le patriotisme et l'engagement politique ne sont pas à prouver, avait, en 2017 et alors que les appels se multipliaient pour l'application de l'article 102 de la Constitution (relatif à l'empêchement du président de la République pour cause d'incapacité à assumer ses charges), clairement pris position contre «toute initiative qui peut déstabiliser le pays ou ouvrir la porte au chaos et à l'ingérence étrangère». La présidente du PT avait même averti à l'époque que le PT «se dressera avec sa base militante» contre ceux qui appellent à un soulèvement et contre les personnes qui «veulent être propulsées (au pouvoir) sur le dos des chars». Hostile à l'intervention de l'armée dans le cadre d'une transition politique, Louisa Hanoune avait expliqué que l'instauration d'une vraie démocratie passe par les canaux légaux. Et là, il y a lieu de s'interroger si l'Algérie est un Etat de droit qui respecte la souveraineté du peuple et son choix ou une république bananière? Les partis politiques sont-ils légalistes et se battent-ils pour le respect de la souveraineté du peuple? Seul le peuple peut révoquer. Seul le peuple peut rejeter une candidature. Seul le peuple peut s'exprimer à travers un vote-sanction, s'il le désire. Et il le fera sur le terrain de la démocratie. Toute autre approche ou démarche ne pourra avoir d'autre nom que «putsch». Et il faut se demander encore si cette démarche est dans l'intérêt du pays? Figure-t-elle dans les aspirations du peuple algérien? L'Algérien aspire-t-il à un changement par la force de l'armée? Aspire-t-il à une démocratie sur fond de violence? Lorsqu'un changement est opéré par la force, il ne peut qu'engendrer le chaos et le désordre. Le peuple, après son vote massif pour la Réconciliation nationale, rêve de ne jamais revivre l'expérience de la décennie noire. En admettant que la volonté populaire est à mettre entre parenthèses et en revenant à cet appel peu «conventionnel» à l'armée d'intervenir dans la politique, il y a lieu d'admettre que ceux qui appellent à cette démarche sont convaincus que le système politique dans le pays a toujours fonctionné avec un organisme politico-militaire qui est le centre décisionnel et de contrôle de toutes les activités politiques, économiques et sociales. Dans ce cas précis, les auteurs de l'initiative ne se demandent-ils pas pour quelle raison ledit organisme va- t-il changer un jeu politique dont il dicte les règles? Clairement et à plusieurs reprises, l'Armée nationale populaire a répondu à ceux qui aiment bien se bercer d'illusions. «En consolidation des fondements de ses objectifs majeurs et nobles, l'Armée nationale populaire demeurera, comme j'ai tant veillé à le répéter, une armée républicaine, engagée à défendre la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale du pays, protégeant l'indépendance», a, maintes fois répété le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah. Ce même rappel a été fait également par le chef de l'Etat, dans son message fort, adressé au peuple à l'occasion du 63ème anniversaire de la commémoration de la guerre d'indépendance. Le président avait alors souligné que l'Armée est une «institution républicaine (qui) doit être tenue à l'abri de surenchères et des ambitions politiciennes (...) L'ère des périodes de transition est révolue en Algérie (...) Le pouvoir se conquiert désormais, aux échéances prévues par la Constitution, auprès du peuple souverain qui l'attribue par la voie des urnes (...)». Le message est clair: l'Algérie des années 90 n'est pas celle de 2018. Républicaine et démocrate, l'Algérie ne peut pas tomber à nouveau sous le diktat des baïonnettes. Ceux qui aspirent au pouvoir doivent se soumettre au verdict de l'urne et à la volonté du peuple. Une option évidente dans une démocratie.