Ce souhait, à quelques heures du début du mois sacré semble se confirmer, puisque le marché ne donne toujours pas de signes de fébrilité. Le Ramadan dans sa version, 2005 ne ressemblera manifestement pas à celui de l'année passée. Tant au plan politique qu'économique, il est indéniable que le mois sacré s'annonce avec des différences notables. D'abord pour ce qui concerne le panier de la ménagère, l'évolution de la situation économique, avec notamment l'avènement de l'accord d'association Algérie-Union européenne, l'on table en haut lieu sur la stabilité des prix à la consommation pour ce qui est des produits agroalimentaires. En effet, l'ouverture du marché national aux marchandises d'outre-Méditerranée constitue l'un des principaux facteurs, censés réduire la pression «habituelle» sur le marché et déboucher «naturellement» sur une offre conséquente en produits alimentaires, à même de compenser une demande, traditionnellement en forte augmentation en pareille circonstance. Les pouvoirs publics donnent une nette impression de sérénité par rapport au Ramadan. Une assurance qu'ils tiennent du fait que les opérateurs économiques européens, déjà largement familiarisés avec des pics de consommation durant les fêtes de fin d'année notamment, profiteront à fond de l'opportunité que leur offre tout un mois de consommation tous azimuts. Cette perspective que d'aucuns espèrent voir se concrétiser est de nature à participer à la baisse de charge pesant sur les structures de l'Etat chargées de la solidarité nationale. Un gros budget, de l'ordre de 1,2 milliard de dinars a été dégagé à cet effet par le département de Djamel Ould Abbès, ce qui constitue un record dans le cadre de l'intervention directe de l'Etat en ce mois sacré. Avec des prix stabilisés, l'action des pouvoirs publics s'en trouvera mieux renforcée en termes de prestations aux plus démunis. Ce souhait qui, à quelques heures du début du mois sacré, semble se confirmer, puisque le marché ne donne toujours pas de signes de fébrilité, détendra considérablement l'ambiance et l'on s'attend à des soirées ramadanesques plus animées, en tout cas, moins stressantes, puisqu'il ne sera pas question de flambée des prix des produits de première nécessité dans les discussions des citoyens. Les activités culturelles auront, en principe, un autre goût cette année et les plateaux artistiques pourraient même être au- devant de la scène médiatique. Au plan politique, il est clair que ce Ramadan débute sur un événement majeur qui a tenu en haleine l'ensemble de la société. Ainsi, le succès du référendum pour la paix et la réconciliation nationale, encore très frais dans les mémoires, aura un effet dopant sur une classe politique, certes fatiguée par une campagne référendaire éprouvante, mais l'euphorie qu'il suscite est de nature à déboucher sur une session parlementaire tranquille et sans trop de polémiques stériles. Ce qui n'a pas été le cas, le précédent Ramadan. En effet, l'amendement aux relents populistes apporté à la loi de finances 2005, votée à l'unanimité par les deux chambres du parlement et qui a consisté à interdire l'importation des boissons alcoolisées, a eu les effets négatifs, par ailleurs attendus par bon nombre d'observateurs. Le fameux amendement introduit par le parti El Islah de Abdellah Djaballah est passé pour la simple raison que la loi de finances a été débattue en plein Ramadan. Le ministre du Commerce, en charge du dossier de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, s'est vu obligé de remettre sur table le sujet en optant pour la suppression pure et simple de cet amendement, l'un des rares à avoir eu l'aval de la totalité des élus de la nation. Le gouvernement, qui avait insisté l'année passée sur la contradiction de cette disposition avec les engagements internationaux de l'Algérie, n'avait pu convaincre personne. C'est là une «gaffe» ramadanesque qui n'est pas près de se reproduire puisque le chef de l'Etat a veillé à ce que la loi de finances complémentaire passe sous forme d'ordonnance. Nos députés auront donc l'âme en paix, en ces temps de réconciliation nationale. Celle-ci jouera à fond pour un Ramadan serein au plan sécuritaire, puisque l'on s'attend à plusieurs redditions. En effet, bien que des attentats soient à craindre, il n'en demeure pas moins que leur intensité sera forcément beaucoup moins importante que durant les Ramadans des années précédentes. Enfin, le climat tant social, politique, économique que sécuritaire, plaide pour un mois sacré différent des précédents. Cela dit, nous ne sommes qu'au tout début. Les éventualités d'une flambée des prix ou d'une résurgence des attentats terroristes ne sont malheureusement pas à écarter. Les Algériens croisent les doigts.