Cacher le soleil ave amis (ghetti echems bel gherbal); ce dicton bien de chez nous, sied parfaitement à l'éclipse annulaire d'hier. Cependant, si les responsables, notamment le ministère de la Santé, n'ont pas daigné prendre les mesures nécessaires permettant aux Algériens d'observer ce phénomène extraordinaire et rare, par l'acquisition de lunettes spéciales, la force divine a pallié le manque de moyens d'observation adéquats, en protégeant nos yeux avec d'épais nuages, venus subitement, après une journée du dimanche très chaude, atténuer l'effet des rayons ultraviolets. Cela au moment où dans les pays méditerranéens touchés par l'éclipse, le phénomène a été observé dans toute sa splendeur. En France, par exemple une centaine de centres d'observation sont mis à la disposition des populations. Ce qui n'est pas le cas chez nous, puisqu'en sus de la suspension des cours pour les élèves de primaire, la campagne de sensibilisation menée à travers les médias pour prévenir des effets «nocifs» de l'éclipse a plus terrorisé que rassuré les citoyens. Dans certaines régions, l'appréhension était à la limite de l'affolement. On se croirait à la veille de la fin du monde (alamat kouroub esaâ) au point où, dans la matinée d'hier les grands axes routiers étaient pratiquement déserts. La capitale s'est transformée en ville fantôme. Pas âme qui vive, les citoyens préférant se « terrer » chez eux ou dans leurs lieux de travail, devant l'écran de la télévision, pour observer «en direct» le tour de cache-cache entre le soleil et sa «dulcinée». Les fidèles, quant à eux ont pris d'assaut les mosquées et salles de prière pour accomplir le rituel de la prière de l'éclipse. Une façon aussi de remercier Dieu pour sa protection. Par ailleurs, les scénarios les plus catastrophistes, ont fait l'objet de discussions de cafés et de trottoirs. D'aucuns étaient allés jusqu'à «prédire» un tremblement de terre, surtout en ce mois d'octobre baptisé par les Algériens, mois des catastrophes. Jusqu'à quand va-t-on priver nos enfants de l'admiration de la beauté de la nature? Et jusqu'à quand les responsables continueront-ils à se voiler la face à chaque fois que la nature nous offre un spectacle gratuit? Il reste, enfin que comme à chaque fois, les «éclipsés» de l'évènement sont bien entendu les habitants des zones rurales enclavées où le taux d'analphabétisme est très élevé, et qui n'ont dû leur salut encore une fois, qu'à la «générosité» de la providence.