Un dossier épineux L'Algérie a, pour rappel, opposé un refus catégorique à l'ouverture de centres pour réfugiés en Algérie, telle que suggérée par l'Union européenne. D'abord sur son compte Tweeter, ensuite sur un plateau de télévision, le ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini a annoncé son intention de visiter prochainement l'Algérie. «J'ai déjà visité la Libye, et je me rendrai prochainement au Maroc et en Algérie» a déclaré M.Salvini sur le plateau de la chaîne d'informations italienne Sky TG24. Si un certain doute persiste sur cette visite que le ministère des Affaires étrangères algérien n'a pas confirmé, la certitude est que ce sera l'épineux dossier des centaines de migrants clandestins algériens qui écument les côtes est italiennes. Pas seulement puisqu'il y a aussi les innombrables vagues de migrants subsahariens qui tran sitent elles aussi par l'Algérie pour rejoindre l'autre rive de la Méditerranée. Le dirigeant de la Ligue du Nord qui entame ce premier périple en Afrique du Nord intervient après le renvoi en Libye de nombreux Subsahariens qui tentaient d'entrer illégalement en Italie par voie maritime. Matteo Salvini a fait savoir que son pays travaille à accélérer le renvoi des migrants clandestins à travers la signature d'accords avec leurs pays d'origine. Il a indiqué que son pays est lié par des accords à quatre pays seulement, et travaille à en signer d'autres notamment avec le Mali, le Nigeria, le Sénégal, la Gambie et la Côte d'Ivoire. Que va demander Matteo Salvini à son homologue Nouredine Bedoui sur ce sujet? L'Algérie a, pour rappel, opposé un refus catégorique à l'ouverture de centres pour réfugiés en Algérie, telle que suggérée par l'Union européenne. «Nous n'accepterons aucun centre de détention pour migrants en Algérie», a déclaré, le 15 juillet dernier, le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Nouredine Bedoui. Interrogé en marge des travaux de la 6ème session du Comité bilatéral frontalier algéro-nigérien (CBF) sur la question des migrants clandestins, Nouredine Bedoui a réitéré la position de l'Algérie sur l'implantation de «centres pour migrants». Avec la même fermeté, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a soutenu lui aussi quelques jours auparavant, qu' «il est exclu que l'Algérie ouvre une quelconque zone de rétention. Nous sommes déjà confrontés aux mêmes problèmes. Nous procédons à des reconductions, mais nous le faisons selon des arrangements que nous avons avec les pays voisins». Après l'Allemagne qui a voulu exiger de l'Algérie qu'elle «rapatrie» ses ressortissants en séjour irrégulier, l'Italie s'apprête, elle aussi, à demander aux trois pays du Maghreb d'empêcher toute tentative d'émigration illégale à partir de leurs territoires. Le gouvernement allemand est allé jusqu'à adopter un projet de loi visant à considérer le Maroc, l'Algérie et la Tunisie comme des pays sûrs, ce qui permettrait à Berlin d'expulser plus facilement les demandeurs d'asile en provenance des Etats concernés. Cependant, tous les autres pays de la rive sud de la Méditerranée ont emboîté le pas à l'Algérie, voyant dans cette demande un piège et une fuite en avant des pays occidentaux qui sont, en définitive, les premiers responsables des bouleversements survenus dans le continent africain, et qu'il leur incombe donc d'en assumer la pleine responsabilité. Pour empêcher complètement l'accès aux frontières, l'Union européenne se fait forteresse. Elle construit des murs, des barrières, des zones interdites et les Etats ou vrent des centres de détention, organisent les retours forcés, multiplient les expulsions. On décrit les risques que courent de «pauvres migrants» qui s'entassent sur des embarcations de fortune et qui se lancent dans une mer dangereuse. On s'apitoie sur le sort des transhumants subsahariens traversant un âpre désert au risque de succomber de soif. Les causes et les conséquences du drame sont ainsi confondues, on fait oublier les dérives des politiques européennes. Les Occidentaux se sont ingérés de force dans les affaires internes de ces pays, ils ont spolié leurs richesses, détruit leurs Etats et fait le lit des extrémismes violents. A l'Europe qui se déchire actuellement sur la question migratoire, n'est-il pas nécessaire de rappeler cette glaçante vérité: la crise des migrants c'est vous!