Comme l'Algérie et la Tunisie, la Libye a refusé l'ouverture des centres de traitement de demandes d'asile des candidats à l'immigration vers l'Europe que Bruxelles propose pour fuir ses responsabilités. Plus de 1 000 migrants et réfugiés ont été secourus en 24 heures au large des côtes de la Libye, a indiqué la marine libyenne dans un communiqué. Ce bilan s'ajoute à ceux déjà communiqués durant le week-end et tout au long de la semaine dernière, et qui faisaient état de la mort de dizaines de personnes et d'un millier d'autres sauvées de la noyade en Méditerranée. Dimanche, tard dans la soirée, 490 migrants étaient arrivés à bord d'un navire de la marine libyenne au port de Tripoli. Ils étaient en difficulté sur des canots pneumatiques au large de Garabulli, à l'est de Tripoli, selon un officier de la marine, Rami Ghommeidh. Un autre groupe de 361 migrants, dont 88 femmes et 44 enfants, avaient été secourus au large d'Al-Khoms, 100 km à l'est de Tripoli, selon le porte-parole de la marine, Ayoub Kacem. Plus tôt dans la journée, 97 migrants avaient également été secourus dans la même zone, a ajouté M. Kacem, ont rapporté les agences de presse. Ces opérations interviennent à la veille d'un sommet européen, prévu pour les 28 et 29 juin à Bruxelles, dans un contexte de divisions profondes sur la question de la prise en charge de la crise migratoire. Plusieurs pays européens refusent la politique des quotas et d'autres insistent sur l'application du système de Dublin qui stipule que les demandes d'asile doivent être étudiée dans les pays d'entrée des migrants. Autrement dit, l'Italie et la Grèce, premier pays d'entrée de milliers de migrants, seraient les seuls à subir le poids d'une telle opération, ce qui est évidemment injuste et inéquitable, estiment Rome et Athènes. Face à cette impasse, Bruxelles veut donc revenir à un plan déjà maintes fois décrié et qu'est celui de l'implantation en Afrique du Nord de centres d'accueil des demandeurs d'asile, ce que refusent les pays de la région, dont l'Algérie, la Tunisie et maintenant la Libye. Hier, le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, a remis cette option sur la table, lors de sa visite à Tripoli en Libye. "Nous soutiendrons, d'un commun accord avec les autorités libyennes, la mise en place de centres d'accueil et d'identification de migrants au sud de la Libye, à sa frontière externe, pour l'aider autant que l'Italie à bloquer la migration", a indiqué M. Salvini, lors d'un point de presse avec son homologue du gouvernement libyen d'union nationale, Ahmed Meitig, qui a rejeté cette proposition. "Notre gouvernement refuse catégoriquement l'installation de camps pour migrants en Libye." Dimanche, les frictions se sont aggravées lors du mini-sommet européen informel à Bruxelles, annonçant déjà l'échec du sommet prévu la fin de cette semaine. En attendant, avec l'été et un temps des plus cléments, le flux de départs vers l'Europe va aussi apporter son lot de noyés en Méditerranée. Lyès Menacer