Plusieurs galas ont été annulés Cachés, mais puissants, les personnages de l'ombre complotent derrière le rideau et tentent de faire replonger l'Algérie dans le chaos. Mais c'est compter sans les «gardiens» de la République qu'ils soient au pouvoir ou au sein de la société civile. «Depuis plusieurs mois, en effet, les intégristes se manifestent par une activité tapageuse (...) Ils viennent d'empêcher, à Constantine, la tenue d'un meeting (...); ils avaient imposé il y a quelques semaines l'annulation des spectacles de la chanteuse (...), après avoir mené campagne contre «la juive» et lacéré ses affiches (...). Et quelques jours plus tard, là aussi par des menaces, ils avaient obtenu l'interdiction à M'sila d'une pièce de théâtre, algérienne cette fois (...).» C'est là un extrait d'un mensuel paru en...1990. Et pourtant, l'on croirait bien lire des articles de presse parus ces derniers jours. La ressemblance des faits est troublante. Inquiétante. Dangereuse. Dans l'Algérie de 2018 et depuis quelques mois déjà, plusieurs festivals et manifestations culturelles sont annulés. Parfois à cause de la colère citoyenne qui se manifeste par des attroupements ou encore par l'organisation d'une prière de rue collective. Mais parfois aussi à cause d'un laxisme inexpliqué, étrange et inattendu de l'administration locale. Il est à se demander, dans ce dernier cas, s'il ne s'agit pas de comportements individuels de personnes incompétentes ou de zélées fanatiques qui ternissent l'image des institutions. Sinon de quoi s'agirait-il d'autre? Il y a deux jours, la célébration des 48 ans du raï a été annulée. L'annonce a été faite par l'association Art, culture et protection du patrimoine musical oranais (Acppmo). L'association a justifié l'annulation par «le silence de certains responsables et organismes». Elle reproche le laxisme dans le patronage de la manifestation, les entraves dans la délivrance de visas pour les artistes et même dans l'octroi du lieu devant abriter le spectacle. Pourquoi autant de portes fermées? Et qui en est responsable? A Oran, on a réussi donc à annuler un événement d'envergure internationale. A Tigzirt, la tentative de faire avorter l'organisation des «Belles Nuits de Tigzirt» a échoué. Les soirées musicales qu'offre une agence événementiel en collaboration avec l'APC aux estivants et aux citoyens de cette ville balnéaire jusqu'au 20 août n'ont été maintenues que grâce à la vigilance des élus de la ville. Une notification d'annulation de la manifestation a été signifiée à l'organisateur à quelques heures seulement de l'ouverture de l'événement alors que tout était fin prêt pour accueillir le public. Pourquoi avoir attendu jusqu'à la dernière minute pour signifier à l'organisateur qui n'est d'ailleurs pas à sa première manifestation, que les portes doivent rester closes devant la foule? A quelles fins? Que cherche-t-on à provoquer? Ces questions méritent réponses. Surtout si l'on rappelle que les interdictions ne datent pas seulement d'hier. En mai dernier et à encore un article de presse «la direction de la Maison de la culture de la ville de Béjaïa a annulé la programmation d'une soirée musicale sous la double pression des autorités locales et de nombreux internautes qui menaient campagne depuis quelques jours pour appeler au boycott de ce gala sous prétexte qu'il est (...) synonyme de dissolution des moeurs». L'auteur de l'article précise que la direction de la Maison de la culture a donné une autre justification de l'annulation, à savoir «une programmation effectuée sans autorisation préalable de la direction de l'établissement». Pour quelle raison l'annulation de galas et autres manifestations n'intervient toujours qu'a posteriori des expressions d'intolérance et d'inquisition? Pour quelle raison l'Algérie cède-t-elle à nouveau aux pressions, aux menaces, aux chantages et aux coups de force? C'est le cas de le dire puisqu'un maire a décidé unilatéralement d'interdire le port du short dans «sa» ville. Juste après, il y a ce foisonnement d'interdictions de galas pour des raisons diverses. Pourquoi maintenant?Qui sont les comploteurs poussant à de tels agissements? Qu'est-ce qui fait courir ces manipulateurs, tapis dans l'ombre, et qui tirent les ficelles? Cachés mais puissants, les personnages de l'ombre complotent derrière le rideau et tentent de faire replonger l'Algérie dans le chaos. Mais c'est compter sans les «gardiens» de la République qu'ils soient au pouvoir ou au sein de la société civile. D'ailleurs, le ministre de l'Intérieur, Nourredine Bedoui et celui de la Culture Azzedine Mihoubi, n'ont pas manqué d'affirmer que l'Etat ne tolèrera aucune atteinte à sa stabilité et à sa sécurité.