Ramadhan 1990 : une chanteuse franco-portugaise est programmée pour donner un concert à la salle Atlas d'Alger. Le FIS, au faîte de sa puissance, est contre. Il a décrété que le chant et la musique sont «haram», c'est-à-dire illicites, et mobilisé ses troupes pour empêcher la tenue de la manifestation, même s'il faut pour cela provoquer de graves désordres dans la capitale. Le pouvoir fait preuve de faiblesse et recule. Il vient d'ouvrir la voie à une série de démissions qui finiront par plonger le pays dans le chaos et une horrible décennie noire dont on continue à payer le prix jusqu'à ce jour. Ramadhan 2014 : le Centre culturel de Béjaïa organise le Festival du rire. Les salafistes ne l'entendent pas de cette oreille. Non seulement ils agressent des non-jeûneurs au centre-ville avec une absence remarquée des services de sécurité, mais ils exigent purement et simplement, dans la foulée, l'annulation du spectacle. A la surprise générale et selon les correspondants locaux, les responsables de la sécurité auraient demandé à la directrice de la Maison de la culture de tout annuler, ce qu'elle a fait en démontant les tréteaux. Les salafistes, comme en 1990, ont ainsi posé leur loi et l'Etat a reculé. C'est un message et un encouragement adressés aux islamistes pour qu'ils puissent continuer de terroriser la ville. Désormais, les Béjaouis, connus pour leur tolérance et leur sens de l'hospitalité, vont vivre dans un climat malsain à cause de gouvernants incapables, sinon incompétents. Leurs semblables des années 1990 ont failli provoquer la disparition de l'Algérie à cause de leur laxisme. Un sursaut est nécessaire si les dirigeants du pays ne veulent pas que la bête immonde revienne au-devant de la scène. Ces ennemis de la démocratie ont repris de l'assurance avec la concorde civile, considérant que la politique de la main tendue développée par l'Etat est un aveu de faiblesse. Au point où des criminels de l'AIS et du GIA se vantent aujourd'hui des crimes qu'ils avaient perpétrés contre le peuple algérien. Malheureusement, la conjoncture internationale est susceptible de favoriser à nouveau l'émergence de groupes terroristes extrêmement violents. Parce que depuis la chute du dictateur Mouammar El Gueddafi, la Libye est devenue un immense marché aux armes où les terroristes et tous les trafiquants internationaux s'approvisionnent. Surtout que l'Algérie est entourée de pays extrêmement déstabilisés et qui pourraient contaminer le nôtre. C'est pourquoi la vigilance s'impose. Le moindre relâchement, la plus petite concession aux forces obscurantistes pourraient être fatals.