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FESTIVAL DE LA CHANSON AMAZIGHE
à Béjaïa, on plaide pour son institutionnalisation et internationalisation
Publié dans Liberté le 17 - 08 - 2014

Parallèlement au concours des chanteurs en herbe, de grands chanteurs sont au programme de cette édition, qui est en hommage à Abdelkader Meksa et qui sera clôturée par Mohamed Allaoua.
La 12e édition du Festival de la chanson amazighe a débuté jeudi dernier. La manifestation, est dédiée cette année à la mémoire d'Abdelkader Meksa, un grand artiste, qui a quitté prématurément la "scène" – il a été assassiné à Paris le 30 octobre 1988 à l'âge de 34 ans. Le président du Comité des fêtes de la ville de Béjaïa, Malek Bouchebah, lui-même chanteur, n'ignore rien d'Abdelkader Meksa, un conteur et chanteur de génie, qui a su "narrer l'histoire de la Numidie en chansons".
N'est-il pas en effet l'auteur de ces quelques célèbres chansons : Massinissa, Loundja, Tafsut ; chansons qui ont éveillé les consciences de la jeunesse durant les années 1980. Sur Wikipédia, on dit de lui qu'il a joué "un rôle prépondérant dans la dynamisation de la chanson berbère des années 1970, et ce, dans la mouvance de renouvellement de la chanson moderne animée par Idir, Ferhat, Chenoud, Djamel Allam, Les Abranis, Inasliyen, Tagrawla, Brahim Izri, Nabet". Mais aussi des Menad, Syphax, Tagrawla, Agraw, Afous, etc. En 1988, Meksa Abdelkader sort sa dernière cassette Amghar azemni (le vieux sage). Nacer Izza écrira dans Revue Africaine n°1295 du 9 décembre 1988 : "Meksa Abdelkader est mort en France, presque dans l'anonymat." En 1976, le quotidien El Moudjahid lui avait consacré un petit article dans lequel il avait relaté la biographie de Meksa, l'enfant de Mira, et de son parolier Moh Cherbi de Tizi Hibel. En le ressuscitant en cette 12e édition, les organisateurs du Festival de la chanson amazighe de Bgayet confirment que le fil conducteur n'a jamais été rompu bien qu'imperceptible. Parallèlement au concours des chanteurs en herbe, de grands chanteurs sont au programme de cette édition, qui sera clôturée par Mohamed Allaoua. Parmi ces grandes vedettes de la chanson amazighe, le groupe Insalyen, Inayen, Madjid Soula, Tagrawla, Boudjemaa Agraw, Ali Ideflawen, Kaci Abjaoui, Si Moh, Cherif Hamami, etc. D'ailleurs, ce n'est pas, par hasard, que plus de 15 000 personnes s'entassent chaque soir au niveau des sites, dédiées au festival. Cette année, on a quitté le stade scolaire pour la Grande Surface du lac, l'ex-Souk El-Fellah, le TRB et la Brise de mer. "Le défi de la culture est un défi majeur", a tenu à préciser Salah Oudahar, diplômé de sciences politiques, qui avait enseigné à l'université de Tizi Ouzou, avant de quitter l'Algérie en 1992 pour s'établir à Strasbourg. Une région où il mène et développe un travail à la lisière de la recherche, de la création artistique et de l'action culturelle sur les thèmes de la diversité, de la mémoire, de l'histoire, notamment coloniales, postcoloniales et de l'immigration. Salah Oudahar, également directeur artistique du Festival Strasbourg-Méditerranée et président de la compagnie de théâtre et de danse Mémoires Vives, doit présenter dans le cadre du festival un récital poétique avec le grand Bazou, le musicien que tous les artistes de passage à Béjaïa s'arrachent.
Le montage poétique avec support musical, intitulé "Les témoins du temps", est prévu le 19 août prochain au Théâtre régional de Béjaïa à 17h. Et dans l'optique de faire évoluer, progressivement s'entend, le festival à l'effet d'avoir une dimension internationale, les organisateurs veulent d'abord qu'il soit varié et pluriculturel. Les pouvoirs publics, mais aussi les investisseurs de la région, sont interpellés pour institutionnaliser ce festival pour prétendre à cette dimension qu'un budget communal, aussi conséquent soit-il, ne peut supporter. On a innové en installant des tentes, dédiées au conte kabyle.
Les enfants, qui ont entre 4 et 14 ans, ont donc été pris en considération ; ils seront mis en situation dans laquelle vivaient naguère leurs parents et grands-parents ; avant d'avoir l'électricité, la radio et la télévision. L'artiste et photographe Zahra Agsous, une Bougiote établie à l'étranger, présentera une exposition, intitulée : «Béjaïa s'expose». Ses photographies peuvent être vues au niveau de la Grande Surface du lac ainsi que le travail des artisans-artistes, qui exposent leurs œuvres sur le même site. Un cycle de conférences est également prévu : deux doctorants, MM. Taha Aïssi et Djamel Arezki ainsi qu'un professeur de guitare et concertiste, Gouri Salah, et l'animateur radio, Boudjemaâ Rabah. Un festival s'achève, un autre prend le relais.
Un chevauchement, qui a fait grincer des dents, mais qui arrange plus d'un. L'animation de la vie culturelle sera prolongée d'autant qu'une autre manifestation culturelle a lieu sur les hauteurs de l'Akfadou.
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