La Kabylie sous la neige présente pour le visiteur un beau décor de carte postale. Avec les villages sous la neige, c'est un ravissement pour les yeux et aussi, il faut le souligner, pour les enfants qui se dépensent à fond. Mais la carte postale a aussi son revers et ce sont les adultes qui en souffrent, comme de juste. Ainsi, aussi bien à Iferhounène, à Azazga qu'à Aïn El Hammam, les gens savent les tourments dont la neige est l'origine. Les voies de communication qui sont alors impraticables obligent bêtes et hommes à rester à la maison. Aussi, dès les premières pluies, les habitants de ces régions ont-ils l'habitude de faire, quand ils le peuvent, provisions pour l'hiver. Mais comme l'on ne peut pas tout prévoir et qu'il semble difficile de pouvoir emmagasiner des tas de provisions, les pénuries sont généralement le lot des habitants. Et quand bien-même l'on puisse penser à tout, il y a le lait et le pain à acheter quotidiennement. Les épiceries des villages sont d'ailleurs submergées par les clients dès les premiers flocons. Les marchandises les plus demandées étant surtout les légumes secs, le café, le thé et le sucre. Les citoyens n'ont pas seulement les provisions de bouche à assurer, mais aussi les moyens de chauffage. Il faut bien affronter le froid qui, ici, est vif et transperçant. Et le problème se complique car amasser des bouteilles de butane ou encore des fûts de fuel domestique non seulement n'est pas à la portée de toutes les bourses, mais en plus constitue un danger permanent. D'ailleurs, le chapitre chauffage constitue une dépense certes, incompressible et chère, mais également un problème des plus délicats. Le bois est assurément plus écologique et son feu relativement moins dangereux. Cependant, cette façon de se chauffer contribue, hélas, à la déforestation et constitue ce faisant une entorse à la réglementation. Mais en sus, le bois est cher ! La solution pour ces villages de Haute-Kabylie paraît difficile. Le gaz naturel est promis pour Aïn El Hammam et Larbaâ Nath Irathen, mais quo vadis pour la multitude de villages des hauteurs? D'autres désagréments sont enregistrés par les habitants de la Haute-Kabylie en hiver. Il y a d'abord ces coupures d'électricité qui semblent récurrentes et avec ces coupures, ce sont généralement les boulangers qui ne peuvent pas faire le pain. Ensuite, il y a également les routes qui sont bloquées par les neiges et alors les travailleurs et les enfants qui doivent impérativement manquer l'école. Enfin, le lait fourni généralement par les livreurs privés qui manque, les camions de livraison étant bloqués par la neige ! En fait, le paysage de carte postale devient souvent pour l'habitant un enfer au quotidien !