L'attaque au couteau de Trappes n'a aucun relent terroriste Jusqu'à hier soir, l'examen des données téléphoniques et du matériel informatique de l'auteur de cette attaque n'a pas permis aux enquêteurs de confirmer une réelle accointance avec la mouvance terroriste comme semblait le dire la revendication de Daesh. En se précipitant pour revendiquer aussitôt l'attaque au couteau à Trappes, Daesh s'est pris les pieds dans le tapis. Au cours d'un drame qui a vite été recadré comme une affaire criminelle banale impliquant une seule et même famille, deux personnes ont été tuées et au moins une autre blessée, jeudi dernier, lors d'une attaque au couteau à Trappes, dans les Yvelines, en grande banlieue parisienne. L'assaillant a été abattu par la police, après plusieurs sommations auxquelles il aurait refusé d'obtempérer. L'homme était, selon les indications des services de sécurité français fiché S, au motif d'«apologie du terrorisme». Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb et François Molins, procureur de la République de Paris, se sont rendus sur place. L'Etat islamique avait entre-temps revendiqué avec une célérité suspecte l'attaque, balayée aussi rapidement par les autorités et les enquêteurs qui ont invité à la prudence et argué de la multitude de signes indicateurs d'un différend familial à l'origine de l'attaque. L'auteur était atteint de troubles psychiatriques «importants». Il était cependant sous surveillance pour sa radicalisation islamiste depuis au moins deux ans dont les effets restent plutôt incertains pour les quelques proches interrogés au cours de l'enquête visant à cerner le profil de l'assaillant. L'homme s'est attaqué jeudi matin à trois personnes, dans une petite rue de Trappes, une commune populaire située à l'ouest de Paris, avant d'être abattu par les policiers qu'il menaçait de son couteau: sa mère, 71 ans, et sa soeur, 49 ans, ont succombé à leurs blessures, alors qu'une passante de 66 ans a été grièvement blessée. C'est suite à l'alerte donnée par le voisinage que la patrouille est intervenue devant le pavillon où vivaient les deux parentes du forcené qui s'y était retranché après son crime. Jusqu'à hier soir, l'examen des données téléphoniques et du matériel informatique de l'auteur de cette attaque n'a pas permis aux enquêteurs de confirmer une réelle accointance avec la mouvance terroriste comme semblait le dire la revendication de Daesh. Preuve que le groupe autoproclamé Etat islamique a de plus en plus tendance à se fourvoyer dans des situations de discrédit aggravé tant il lui devient indispensable de démontrer par tous les moyens la pérennité de son action, notamment dans les pays de la coalition internationale qui ont oeuvré à sa chute dans le bastion irakien. L'homme incriminé était en plein désarroi après une rupture familiale et un licenciement par l'entreprise de transport qui lui reprochait «des propos incohérents» dont elle a d'ailleurs avisé les autorités policières. Cela ne saurait suffire à faire de lui un soldat de Daesh même si ces déboires avaient conduit à son inscription au fichier S. La preuve, une des trois procédures engagées à son encontre pour «apologie du terrorisme» avait été classée «sans suite» en 2016. Tous ces éléments, Daesh ne les avait pas comme il n'avait pas pris le temps de s'informer davantage sur la nature et la motivation du forcené dont deux des trois victimes n'étaient autres que sa propre mère et sa soeur auprès desquelles il vivait, étant séparé de ses trois enfants à cause d'une rupture difficile. Il avait «un problème psychiatrique qui apparaît important», a d'ailleurs expliqué le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, quelques heures à peine après l'attaque, parlant davantage d'un profil de «déséquilibré» que d'un «engagé» pouvant répondre aux «ordres et consignes» d'une organisation jihadiste comme celle de Daesh. «C'était quelqu'un de super gentil, super ouvert, une personne très bien même si c'était un petit nerveux», a résumé un de ses anciens camarades de collège qui vient avec d'autres témoignages balayer la thèse d'un acte terroriste en expliquant que l'homme traversait une période dépressive. Le fait que cette attaque intervienne dans un pays qui vit depuis trois ans déjà sous une menace constante des groupes terroristes et, en particulier, celle de Daesh peut en partie expliquer les attendus, mais il s'avère, en la circonstance, que les revendications instantanées des attaques comme celle de Trappes les rend de moins en moins crédibles.