Le ministre a choisi la tribune du Sénat pour donner un caractère presque officiel au lancement de cette réforme. Vaut mieux tard que jamais. Après deux décennies de retard, la réforme bancaire et financière retient enfin l'attention des pouvoirs publics. Répondant aux interrogations des membres du Conseil de la nation qui a repris, ce week-end, ses travaux en session plénière, le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, a annoncé l'élaboration d'une loi globale sur la réforme des institutions bancaires et financières «pour leur garantir davantage d'efficacité». Les propos de M.Belaïz interviennent un mois après la déclaration faite à Paris, par le ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, sur les privatisations et la réforme bancaire. Une déclaration qui, selon les spécialistes de la finance, sous-entendait que la privatisation des établissements bancaires publics est une option irréversible inscrite dans le processus des réformes en cours. «La décision de privatiser dépend de l'évaluation de la situation des banques et de l'attitude des investisseurs vis-à-vis de cette situation», a également affirmé le ministre délégué chargé de la Réforme financière, Karim Djoudi, en marge des travaux du colloque maghrébin «Systèmes de télécompensation : expériences-résultats-perspectives» qui s'est déroulé à Alger les 5 et 6 décembre de l'année écoulée. Toujours en décembre dernier, le département de Benachenhou et celui de son ministère délégué ont élaboré une nouvelle stratégie de réforme qu'ils ont soumis au gouvernement lors d'un conseil interministériel. Depuis, rien n'a filtré. Comme si le ministre des Finances n'a pas eu le feu vert pour mettre en oeuvre son plan, notamment le volet portant ouverture du capital de certaines banques publiques. Et c'est tout l'intérêt de cette dernière déclaration du ministre de la Justice, M.Belaïz qui a choisi la tribune du Sénat, une instance législative suprême du pays, pour donner un cachet quasi officiel au lancement de cette réforme. Dans un rapport d'une centaine de pages, datant de juin de l'année 2004 et intitulé «Secteur financier: situation actuelle et axes de réforme», MM.Benachenhou et Karim Djoudi ont esquissé leur vision de ce que doit être la réforme financière. Leur démarche consiste à maintenir certaines banques dans la sphère publique et d'ouvrir le capital des autres banques. Pour revenir aux travaux du Sénat, le ministre de la Justice a affirmé que les lois relatives à la réorganisation des pénitenciers et la réinsertion des détenus et à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, interviennent dans le cadre de l'adaptation des lois aux derniers développements au niveau national et international. Dans ce cadre, le ministre a mis l'accent sur l'engagement de l'Algérie à appliquer les traités et les conventions signés dans le domaine de la lutte contre toutes les formes de criminalité.