Dans cet entretien qu'il nous a accordé, le coordinateur du Cnapest revient sur le verdict de la cour d'Alger, qui constitue une menace pour les libertés syndicales mais demeure néanmoins déterminé à poursuivre sa mobilisation jusqu'à l'aboutissement de ses revendications. L'Expression: La cour d'Alger a prononcé jeudi un jugement en référé déclarant l'annulation de l'appel à la grève que le Cnapest a lancé pour les 9 et 10 janvier, quelle est votre première réaction? Méziane Mériane:C'est la déception d'autant plus que nous avons respecté la procédure légale prévue dans la législation du travail. La décision de mener cette grève a été prise dans une assemblée générale à laquelle ont pris part les délégués de 32 wilayas. Le Cnapest a déposé le préavis de grève le 26 décembre par un huissier interposé. La grève est, pour nous, l'arme pacifique des syndicalistes pour faire aboutir leurs revendications socioprofessionnelles. C'est un moyen de pression et non pas de destabilisation comme le prétendent certaines parties. Par ailleurs, je tiens à préciser que notre organisation ne participe à aucun rapport de force, ni politique ni autres. Le ministère de l'Education, en faisant référence à vous, évoque dans son communiqué rendu public jeudi, «une organisation dénommée Cnapest, non agréée», d'aucuns estiment que c'est un tournant décisif dans la position de la tutelle, qui, notons-le, n'a jamais fermé les portes du dialogue depuis le début de la crise, M. Benbouzid avait même précisé dans ces différentes sorties que la balle était dans le camp du ministère du Travail, insinuant ainsi que la question de «représentativité» ne se posait pas au niveau de son département.. L'avenir nous renseignera sur l'attitude du ministère de l'Education, on préfère ne pas anticiper sur cette question, sachant que le verdict de la cour d'Alger ne touche pas les instances... Ne pensez-vous pas que le recours à la justice constitue un précédent grave dans vos relations avec la tutelle? Ce que je peux affirmer, c'est que au niveau du Cnapest on n'a jamais pensé rompre les relations du travail avec la tutelle, maintenant si le ministère décide d'opter pour un autre comportement, là notre stratégie va changer, mais je répète qu'il est plus sage d'attendre et d'observer la situation avant de trancher. Votre dossier d'agrément demeure en suspens depuis près de deux ans, ce qui freine votre mouvement de mobilisation.. Je refuse le terme agrément qui s'adresse aux partis politiques, conformément à la législation, un récépissé suffit à un syndicat pour activer. Par ailleurs, il est important de signaler que c'est l'attitude ambiguë du ministère du Travail qui a exacerbé la situation et nous a amenés à déclencher ce mouvement de grève. Le 22 novembre dernier, dans l'objectif de situer le blocage, nous avons transmis au ministère du Travail un document dans lequel nous avons répondu aux réserves émises par ce département sur notre dossier d'agrément, nous avons aussi demandé une audience au ministre pour clarifier la situation, mais jusqu'au jour d'aujourd'hui, nous n'avons reçu aucune réponse. Avant vous, c'est le Snpssp qui s'est vu contraint d'arrêter sa grève générale toujours par décision de justice, les observateurs n'hésitent pas à parler de sérieuses menaces pour les libertés syndicales en Algérie. Le constat est très juste, conscient justement de ce danger, le Comité des libertés syndicales a décidé de se réunir cette semaine pour étudier cette nouvelle situation. Je tiens à préciser que ce n'est pas en verrouillant les libertés syndicales, qu'on arrivera à une paix sociale mais plutôt par la prise en charge véritable de tous les problèmes socioprofessionnels des travailleurs. M.Méziane Meriane a fait au mois de septembre son mea-culpa, vous vous êtes excusé publiquement auprès des Pest d'avoir «contredit la base» qui avait décidé d'entreprendre une grève de deux jours. On parlait à l'époque de crise au sein du Cnapest ; quelle est la situation actuelle au sein de votre organisation? Je tiens à signaler qu'il n'y a jamais eu de divorce entre la coordination et la base, c'était tout simplement un petit nuage d'été qui s'est vite dissipé. Aujourd'hui on a tourné la page pour préserver la cohésion de notre organisation. Ce nuage passager nous a appris à respecter les décisions prises par la majorité au sein des instances du Cnapest. Le Cnapest va-t-il radicaliser son mouvement pour contrecarrer la position de l'Exécutif? Nous tenons à réaffirmer que les portes du dialogue resteront toujours ouvertes, nous refusons la confrontation. Concernant le verdict de la justice, je tiens à préciser que le Cnapest fera appel demain (aujourd'hui) nous sommes optimistes quant à l'aboutissement de cette affaire, parce que nous avons respecté les lois de la République.