Le spectacle est cependant au marché. Durant le Ramadan, c'est bien connu le commerce va fort bien. Les jeûneurs ont de ces besoins qu'en période normale on sourit rien que d'y penser. C'est à qui dénichera le petit quelque chose qui agrémentera le palais et que le soir venu, après l'annonce de l'ftar, sera rejeté dans un coin de cuisine ou tout simplement oublié dans le panier. Les commerçants le savent mais font des pieds et des mains pour susciter la curiosité et surtout l'envie d'acheter. La fringale des achats n'a de commune mesure qu'avec la faim qui commence à tarauder les ventres dès le matin. Les gens sont d'ailleurs en ces débuts du mois sacré assez bizarres. Dès le saut du lit, ils se transforment en une boule de nerfs, c'est le petit noir matinal qui manque ou encore la première cigarette du matin et la nave va ! Dans les bus et les transports de voyageurs c'est tout juste si les bagarres n'éclatent pas pour un oui ou un non et encore ce ne sont pas les grognements qui font défaut! Dans la rue les passants sont de plus en plus soupe au lait et gare à celui qui par mégarde «heurte son voisin ». Le spectacle est cependant au marché. En effet, les ménagères qui font en général leurs courses tôt le matin, afin de réserver les étals pour les hommes de midi, poussent des cris d'orfraie à la seule vue des ardoises. Les prix ayant en effet «pris l'ascenseur» comme par exemple la tomate qui est cédée il y a moins d'une semaine à 25-30 DA et qui est proposée hier à 55-60 DA sans compter que les fruits ont eux aussi décidé d'accompagner les légumes dans leur ascension de l'Everest de la mercuriale, «Khalti malha tomatich 6000 Allah yestar! Et cela ne s'arrête pas là, puisque le boucher y va de sa «complainte» les familles qui viennent à peine de sortir des affres de la rentrée scolaire sont de plain-pied dans le mois des grosses dépenses et ce n'est pas terminé quand on sait que dans à peine un mois l'Aïd pointera du nez ! Allez expliquer cela au commerçant du coin, lui se frotte les mains et vous dira que «le commerce n'est plus ce qu'il était au temps jadis!» et subrepticement fait augmenter son magot ! Les plus malheureux restent ces centaines de pères de famille sans travail et qui attendent qu'à l'horizon une embellie financière du pays se traduise en embellie pour lui. Bon Ramadan à tous, tout de même.