Au cours d´une journée d´étude organisée jeudi à Alger par le réseau Wassila, une vérité jusque là cachée a été dévoilée au grand jour. Et pour cause, l'inceste, la pédophilie et autres attouchements sexuels exercés sur des enfants ont été abordés ce week-end sans faux-fuyants à l´Institut national de la magistrature de Ben Aknoun, par les spécialistes de l´enfance et de la santé mentale ainsi que des représentants de la Gendarmerie et de la Sûreté nationale présents pour briser le tabou qui règne dans notre société. Lors de son intervention, le Pr Fadila Chitour, membre du réseau Wassila, a indiqué que la journée constitue un espace de débat et d´échange autour «d´un fléau qui prend de plus en plus de l´ampleur dans notre société mais qui reste néanmoins tabou». La journée permettra également de faire le point sur l´expérience acquise les deux dernières années par le réseau en matière de réflexion et d´action en faveur des femmes et des enfants victimes de violence, a-t-elle précisé. Dans ce contexte, Mme Chitour a exposé les difficultés auxquelles sont confrontées les victimes et leurs familles dans leur action de demande de justice en citant l´exemple d´accompagnement par le réseau Wassila d´enfants victimes d´agressions sexuelles par leur enseignant en 2003 dans une école primaire. Elle a souligné, par ailleurs, que la responsabilité des violences sexuelles sur les enfants, les femmes et les handicapés relève de «l´action de l´agresseur lui-même qui doit être dénoncé et jugé, ensuite de la société qui doit garantir un cadre juridique et psychologique favorable aux victimes et à leurs proches». A cette occasion, Mme Aït Siameur a exhorté les parents à relever toute anomalie dans le comportement de leur enfant comme la perte du sommeil et de l´appétit ou l´absentéisme qui peuvent être des signes révélateurs d´une détresse psychologique liée à une agression sexuelle. «Croire sans doute en la parole de l´enfant, c´est l´aider à exprimer sa souffrance, c´est lui reconnaître le droit au respect, à la dignité, et le droit à la protection juridique et sociale», a-t-elle estimé. Pour sa part, le responsable de la cellule de communication de la Gendarmerie nationale, M.Abderahmane Ayoub, a indiqué que les différentes brigades ont enregistré à travers le territoire national durant l´année 2004 «près de 600 cas de violences sexuelles sur des enfants de moins de 18 ans alors que 15 personnes ont été arrêtées en janvier dernier pour pédophilie». Par ailleurs, la représentante de la Dgsn, Mme Kheira Messaoudène a rappelé que «les services de police avaient pris en charge 3319 enfants en danger moral durant l´année 2004 où l'on a recensé également 1386 enfants victimes de violences sexuelles, 412 enfants maltraités, 133 enlevés, 2603 victimes de coups et blessures volontaires et 20 enfants violés et assassinés à l´échelle nationale». Cette rencontre a été sanctionnée par l´adoption de douze recommandations.