Sur fond de polémique, un vent de discorde est en train d'empoisonner les relations entre deux opérateurs de téléphonie mobile. Quel but cherche-t-on derrière cette cabale? Veut-on cacher son incapacité à faire de la performance? Ou bien c'est une façon de nous pousser à augmenter les prix à la consommation? Ces questions Hassen Kabanni se les pose, sans pour autant trouver la moindre réponse, à la suite de la dernière sortie médiatique du P-DG d'AT, Brahim Ouareth, révélant que les créances d'Algérie Télécom sur OTA s'élèvent à 14 milliards de dinars, représentant une facture de 4,8 milliards de dinars établie en mars 2005 et 10 milliards de dinars au titre de l'interconnexion. Ce à quoi rétorque Hassen Kabanni lors d'une conférence animée jeudi au siège d'OTA, «c'est faux. C'est un fait aisément vérifiable qu'OTA n'a pas reçu de factures valides d'AT pour un tel montant mais pour 5,1 milliards de DA, plus des factures erronées de 2 milliards, à refaire pour environ 1,5 milliard, mais non encore reçues à ce jour». Quant aux accusations de ternir l'image d'AT lancées par son P-DG, Kabbani les rejette d'un revers de main tout en renvoyant l'ascenseur: «Il s'agit d'un procès d'intention pas d'un fait. Au contraire, ce sont eux qui veulent ternir l'image d'un groupe coté en Bourse en nous accusant de fraude professionnelle.» Alors qu'en contrepartie, «AT facture l'interconnexion bien plus cher que ses coûts, et dans des proportions injustifiables, non seulement au regard de la loi mais aussi au plan de la logique économique», souligne Kabanni dans sa plaidoirie. Quant aux allégations qu'OTA est au bord de la faillite, Kabanni réplique «il est vrai que le blocage des paiements de terminaison par AT depuis janvier impute à la trésorerie d'OTA, 10 milliards de dinars ( 110 millions d'euros)» Ce qui n'est pas une somme sans conséquence, faut-il l'avouer. «Mais suggérer qu'OTA serait en cessation de paiement est une injure au bon sens et à la réalité», affirme le P-DG d'OTA. Quant à la colocalisation des équipements de Djezzy dans le réseau d'AT sans contrepartie financière entre 2002 et septembre 2004, et non mars 2005 tel que soutenu par M.Ouareth, «AT n'a jamais facturé ce service à OTA», souligne Kabanni qui précise que «ces services devaient faire l'objet de la signature de contrats qui n'ont jamais été négociés entre les parties». De ce fait l'objet de la discorde a trait aux coûts de l'interconnexion. Aussi, pour comprendre il faut assimiler que l'interconnexion téléphonique est une sorte de route empruntée par les automobilistes et les postes de péage qui véhiculent les communications entre les réseaux des opérateurs; fixe vers le mobile ou réciproquement ou mobile à autre mobile. Aussi aujourd'hui, AT qui oublie son statut de simple opérateur économique «veut imposer son catalogue des coûts d'interconnexion», souligne Kabanni «à la place de l'Autorité de régulation, Arpt». En conséquence OTA qui a investi près de 2 milliards de dollars est en droit d'avoir une meilleure qualité d'interconnexion. Or, sur ce point, AT a beaucoup à se reprocher. Ce qui est un autre point de désaccord avec AT. «Nous avons des problèmes d'interconnexion et au niveau de la qualité et de la disponibilité de liaison. Il y a deux réseaux. D'un côté, celui d'Orascom qui compte 6 millions d'abonnés et celui d'Algérie Télécom qui en compte 3 millions. La logique voudrait que ce soit le réseau le plus petit qui appelle le réseau le plus grand, car il y a plus de possibilités. Ce qui veut dire qu'Algérie Télécom appelle plus que nous appelons. Alors à votre avis, qui doit de l'argent à l'autre? Ils veulent occulter les vrais problèmes», souligne en outre Kabanni. En raison de ce déséquilibre, AT a décidé d'augmenter les tarifs d'interconnexion. Ce que lui reproche entre autres OTA qui s'appuie sur la législation. Cette dernière est claire sur ce sujet. Afin que le consommateur puisse bénéficier des meilleurs tarifs, le législateur a imposé aux opérateurs de «ne se facturer entre eux les prestations d'interconnexion qu'aux coûts pertinents de cette activité», est-il stipulé dans le décret 02-156, c'est-à-dire sans même prendre en compte les autres frais comme ceux de marketing et de distribution. Chose qu'à AT n'a pas tenu compte en décidant d'une façon unilatérale d'augmenter sans en avoir référé à l'Arpt. Tous ces faux problèmes cachent sûrement une envie délibérée de casser Djezzy. Sinon comment expliquer toute cette cabale orchestrée contre le meilleur investissement effectué ces dernières années en Algérie en dehors des hydrocarbures? A ce rythme, aucun investisseur étranger ne voudra venir s'installer au moment où le président de la République ne cesse de les inviter tout en les assurant du meilleur accueil. Pourtant OT, fair-play, dira: «Le souhait d'OTA reste tout simplement le respect de la loi et la protection de ses intérêts légitimes et ceux des consommateurs dans un esprit de coopération et de respect mutuel entre opérateurs.» Une attitude à méditer.