Très prudents les japonais préfèrent opter pour la démarche conjointe avec les Américains et les Français. L'Expression: Le partenariat économique entre les deux pays a connu un gel durant la dernière décennie à cause de la situation sécuritaire en Algérie. La visite du président Bouteflika au Japon l'année dernière a tenté de donner une nouvelle impulsion à la coopération bilatérale, mais les opérateurs japonais semblent toujours hésiter à faire le pas vers l'Algérie. Peut-on savoir les raisons de ces réticences? Shigehisa: La visite du président a laissé un impact très positif chez les opérateurs économiques japonais. M.Abdelaziz Bouteflika nous a donné l'impression que l'Algérie est politiquement stable, ce qui est extrêmement important pour le développement économique d'un pays. Il est vrai maintenant que le Japon enregistre un retard par rapport aux pays de l'Union européenne ou encore aux Etats-Unis, mais notre intérêt pour votre pays n'a jamais baissé. Nous espérons y réaliser beaucoup de choses. Justement quel rôle joue le Comité économique nippon-algérien pour la relance du partenariat entre les deux pays? Une fois par an, le Comité se réunit pour faire le bilan du partenariat bilatéral. Par ailleurs afin d'avoir une vision claire et objective sur les opportunités et l'environnement d'investissement nous échangeons les missions économiques. Quels sont les secteurs qui attirent les opérateurs japonais en Algérie? Il y a tout d'abord cet intérêt vif que nous accordons au développement des ressources naturelles. Mais force est de constater que la concurrence est très rude dans ce domaine avec la présence des Américains et des Chinois. Ce qui nous amène à nous tourner vers d'autres secteurs. Reste que suivant l'évolution des projets en Algérie, nous pouvons remarquer que les principales actions sont menées dans le secteurs du gaz et du pétrole. L'opérateur japonais ne peut être indifférent à cette réalité. Des projets d'investissement direct sont en gestation entre les deux pays. A en croire certaines indiscrétions une délégation d'hommes d'affaires japonais s'est rendue récemment en Algérie pour cerner les volets de cette coopération. Pouvez-vous nous confirmer cette information? Au Japon chaque entreprise trace sa stratégie de déploiement. La mienne (Nikie) est présente en Algérie depuis 35 ans en Algérie. Nous avons choisi d'y rester même lorsque votre pays avait des problèmes de sécurité. Je pense qu'aujourd'hui la plupart des entreprises japonaises a la conviction que ce problème est résolu ce qui ouvre de nouveaux horizons pour la coopération économique. Il faut noter aussi que la coopération avec le Japon se faisait à travers les prêts de la Banque gouvernementale et des aides publiques au développement. Actuellement la santé financière de votre pays est meilleure ce qui explique que l'Algérie accorde plus d'importance au développement du marché économique destiné à l'exportation. Les opérateurs japonais accordent une importance particulière aux centres d'intérêt des Américains et des européens en Algérie. Peut-on savoir les raisons? Le recul des Japonais a profité à ces deux continents. Mais nous n'avons pas l'intention de baisser les bras. Aujourd'hui nous espérons jouer un rôle plus efficace dans la sphère économique algérienne. Puisque votre marché est géographiquement éloigné du Japon, la plupart de nos opérateurs optent pour l'approche conjointe avec la France et les Etats- Unis. Autrement dit pour les produits destinés au marché algérien, nos opterons pour un partenaire local. Concernant ceux destinés à l'exportation vers les USA et le France, ils se feront avec les opérateurs de ces pays respectifs. Pour des raisons historiques, les Français maîtrisent parfaitement le marché algérien. Et politiquement parlant les Américains sont plus proches de l'Algérie.