L'opinion publique exige toute la transparence. Membre de l'Alliance présidentielle, le FLN entend y jouer un rôle clef, celui de contrôle de l'activité gouvernementale. L'arrière pensée consiste-t-elle à gêner Ouyahia aux entournures, ou bien est-ce plutôt une activité gouvernementale normale, destinée à améliorer la gestion des affaires de la cité? Les ambitions personnelles priment-elles sur l'intérêt général, ou bien au contraire, l'intérêt suprême de la nation est-il en première ligne? C'est que la nouvelle offensive du FLN en direction de son grand rival du pouvoir laisse pointer des rivalités de personnes tout en présageant l'émergence de nouvelles règles qui semblent s'inscrire dans ce qu'on appelle la bonne gouvernance. C'est vrai qu'en l'absence d'une opposition forte et structurée au Parlement, c'est le béni-oui-oui qui prime et les projets de loi du gouvernement passent comme une lettre à la poste, assez souvent sans débat de fond. De ce fait, la mission de contrôle est rendue plus difficile. D'autant plus que certains organismes censés jouer le rôle de contrôle ne remplissent plus cette fonction, notamment parce qu'ils sont désormais marginalisés. Nous voulons parler par là du Conseil national économique et social (Cnes) et de la Cour des comptes. On avait vu par exemple, lors de la banqueroute de deux banques privées, que la Banque d'Algérie elle-même, avait failli dans la mise en oeuvre des règles prudentielles, en temps voulu. Il avait fallu qu'éclate le scandale au grand jour pour que la justice entre en jeu et que les mécanismes prévus soient déclenchés. Cela dit, tout le monde en Algérie connaît le péché mignon du chef du gouvernement : celui d'aligner des chiffres que personne ne peut contrôler. A l'en croire, le pays réalise chaque année des centaines de milliers de logements, crée autant de postes d'emploi, l'inflation est proche de zéro et les Algériens coulent tous des jours heureux. L'un de ses sports favoris consiste à passer au gril les chiffres et les statistiques établis par le Cnes. En leur opposant les siens, que personne bien sûr ne peut vérifier. Bien entendu, ce n'est pas le RND qui va remettre en cause les chiffres de son chef. Il faut bien que quelqu'un le fasse. Ce sera donc le vieux parti du FLN, par ailleurs majoritaire au Parlement et au .... gouvernement. On entre donc dans une nouvelle ère, celle du parler vrai, et de ce que d'aucuns appellent le pragmatisme. «Si vous promettez de réaliser 100.000 logements, on sera là pour vérifier sur le terrain que cela a été fait.» On peut dire tant mieux. En revanche, l'opinion publique sera plus exigeante: elle veut toute la transparence. Par conséquent, le FLN lui-même est tenu de tenir l'opinion au courant des mécanismes mis en place pour contrôler l'activité gouvernementale. C'est le propre même de la démocratie de tenir informés les électeurs de ce qui se fait au niveau de l'Exécutif. Trois objectifs sont poursuivis à travers une telle exigence: mettre fin à la démagogie, dépister la corruption et les délits d'initié, contrôler l'utilisation qui est faite des deniers publics, et ainsi avoir un meilleur suivi des dossiers et des chantiers, tout en garantissant une saine émulation entre les partis politiques. Car il faut bien le dire, si l'Algérie a connu les graves crises de ces dernières décennies, c'est justement parce que le contrôle n'existait pas. Il est impossible par exemple, pour un journaliste qui veut écrire un article pour informer les lecteurs de trouver de bons chiffres auprès des institutions censées établir les statistiques. La rétention de l'information est érigée en règle, et la transparence est une exception. Si le FLN et le RND ne se font plus du rentre-dedans pour se partager les prébendes et les portefeuilles ministériels, mais bien pour améliorer la gestion des affaires de la cité, on pourra alors dire tant mieux. Alléluia!