Et c'est une tournée internationale qui s'achève en beauté à Alger... Attendu impatiemment, l'artiste chanteur, compositeur et arrangeur, Djamel Laroussi, a cassé la baraque à la salle El Mougar durant deux soirées consécutives, les mercredi et jeudi derniers. 20h passées, une foule de jeunes gens sont amassés, soit dehors ou à l' intérieur du hall. Djamel Laroussi déchaînera les fans qui sont venus nombreux, se trémousser et sautiller sur les airs de son nouveau titre phare Alaâfou. Pour faire original, il fera son apparition au milieu du public muni d'un tambour à la main et accompagné de ses musiciens au karkabou. Une petite ronde gnawie sur scène et voilà qu'ils laissent tomber leurs tenues traditionnelles pour laisser apparaître des tee-shirts à l'effigie de la croix du Sud. Durant deux heures de temps, Djamel Laroussi invitera le public à le suivre sur les tempos de ses compositions ensoleillées, animales, endiablées, qui vous décollent tout de suite de votre chaise. Le public chante en choeur, danse jusqu'à l'épuisement. Djamel à la guitare égrènera les morceaux qui figurent sur son dernier album Etoile filante, mais aussi le premier Sapoutaly dédié à sa défunte mère. Après avoir chauffé la salle, il enchaînera avec N'kodo, un morceau écrit par son neveu Salim qu'il n'a pas eu le temps de voir grandir. Un titre agencé sur un thème espagnol soutenu par un rythme algérien et de poursuivre avec Koubaily, un morceau dans la tradition gnawa composé pour quatre voix avec des breaks de jazz « africanisés ». Le moins que l'on puisse dire est que l'Afrique était à nos pieds grâce à toutes ces mélodies, ces airs, l'orchestration et même la mise en scène qui dénotait une humeur certaine chez les musiciens, notamment le duel animal entre Djamel et le batteur appelé Poulet. Mazal Mazal fait chanter d'abord la guitare électrique en guise d'intro. Une ballade romantique avant de céder le pas au tempo kabyle, jazz puis salsa. L'enfant Djamel se dépense sans compter en libérant une énergie incroyable. Il en sera d'autant plus sur le morceaux Ahou Ahou où il se donnera carrément à une djedba targuie bien décoiffante. La percussion déferle sur l'assistance et l'enrobe carrément avec sa chaleur, sa folie; le public est en transe. C'est l'Afrique au corps. Djamel se lâche, sort des mots juste comme ça, parce que ça rime bien et qu'importe le sens ! Faire la fête, c'est ne pas se prendre au sérieux justement. On se calme sur Hasna avec Djamel au gumbri, soutenu juste par la voix de ses musiciens en choeur. Une sorte de recueillement spirituel et mystique pour louer le prophète. Et s'envole de plus belle avec Mal ma. Une petite parabole concernant l'argent et l'eau : l'eau vient des montagnes et se fraye un chemin jusqu'à la mer, la richesse peut être aussi imprévisible que la mer. Le morceau est à lui tout seul, un concentré pur jus de Djamel Laroussi, une fusion entre jazz-rock, funk-raï et rap, le tout est chanté dans le style rap/raï. Un délice. On pense un peu à l'ONB, Dire Street... le «houl» est à son comble avec le morceau tant attendu de la soirée Etoile filante ou Djillali. Son finish «percussif» est encore plus délirant, «Physique». La bête de scène Djamel lâchera en guise de remerciements : «Je vous aime, vous êtes le meilleur public du monde.» Organisé conjointement par l' Onci, le CCF et le Goethe Institut d'Alger, le show de Djamel Laroussi s'est voulu un véritable spectacle sensoriel et visuel. En effet, il était rehaussé par ces belles, chatoyantes et colores images distillées sur un écran de 4x4 mètres installé sur scène. Des projections vidéo signées par l'Allemande Gudrun Barenbrock, qui illustrera chaque morceau par des visions d'art diverses et telles ces vagues apaisantes de l'océan qui vous emportent très loin sur la planète. L'Europe en Afrique, aux Caraïbes, au Cameroun, Sénégal... pour un tour du monde incroyable sur les harmonies épicées de la musique de Djamel Laroussi.