Comme s'il ne lui suffisait pas de composer, Djamel Laroussi chante, arrange et écrit les chansons auxquelles, il s'amuse à trouver les chorégraphies qui vont avec. Un véritable homme orchestre, qui touche à tout. Sa musique qui lui ressemble un peu est un mélange de tout. Avec une dose particulière de générosité. Il faut dire que la croix du Sud que lui et ses compagnons chérissent leur apporte beaucoup de chance. Comme un oiseau migrateur, Djamel Laroussi était de retour à Alger, dans le Saint-Eugène de son enfance, pour retrouver un peu de chaleur dans le climat mais aussi dans les cœurs de ses nombreux fans. Il est revenu pour embraser la scène de la salle El-Mouggar qui s'est transformée durant les soirées de mercredi et jeudi en carrefour des musiques et des rythmes endiablés. Un répertoire musical unique en son genre, partagé entre le jazz, gnaoui, pop, kabyle, salsa, funk, reggae… enfin, toutes les sonorités qu'on connaît et même celles dont on ne soupçonne même pas l'existence. Car Djamel Laroussi est un fou de musique, une folie qui anime tout son être et se propage pour contaminer son entourage et tous ceux qui l'écoutent. Sa musique est une exquise fièvre qui fait des ravages parmi les jeunes de 7 à 77 ans. Mercredi soir, ouled El Houma étaient au rendez-vous, il y avait aussi de nombreux fans venus d'un peu partout. La salle affichait complet. Djamel Laroussi, on aime sans nul doute. Et puis, il faut dire que Alafo, titre phare du premier album de Laroussi, diffusé en boucle et number one du hit parade sur les ondes de radio El Bahdja, est à lui seul une invitation à la fête. Il est 21h30, sur la scène des instruments de musiques, batterie, guitares électriques, instruments de percussions, un clavier… Nulle trace de Djamel Laroussi et son groupe. Le public s'impatiente, cela fait plus d'une demi-heure que le concert aurait dû commencer. Du fond de la salle, le karkabou fait vibrer la salle. Précédé de ses musiciens, Djamel fait une entrée fracassante. Habillé à la traditionnelle, tbal (tambourin) en bandoulière, le chanteur se lance dans un délirant Alafo. Le titre est repris en chœur par un public déchaîné, qui bondit en transe. “El youm n'djibou Essabouhi”, (on va veiller jusqu'au petit matin), promet Laroussi, enchanté par l'accueil extraordinaire qui lui est réservé. Si le texte est très spirituel, le tempo est, quant à lui, très animé. Une belle ballade dans le registre gnawa et ça fait bouger. Le groupe enchaîne avec N'kodo puis Koubaily, dans le genre gnaoui moderne. L'assistance déserte les sièges, les jeunes déploreront l'absence de la danceflor. Mais on se moove comme on peut. L'écran géant sur lequel défilent les textes des chansons et les danses acrobatiques de Laroussi est un mécanisme didactique. La tchektouka musicale à la Laroussi se poursuit, un morceau kabyle-salsa, ça s'appelle Mazal mazal. Le chanteur se lance dans une chorégraphie complètement décousue. Loin de l'Amérique latine et plus proche de la Kabylie, géographiquement parlant, on s'aventure vers les profondeurs africaines. Escale au Cameroun, sur l'écran comme dans la musique il y a du soleil et le goût salé des vagues. Un délice. Aho, Manandabo, la ballade prend une dimension étonnante. Pour calmer le jeu, Laroussi prend son goumbri pour prospecter la tradition, Hasna est une douce chanson d'amour. Deux heures de temps, Djamel Laroussi à la guitare chante, goumbri, percussions et un peu partout, Smaïl Benhouhou au synthétiseur, percussions, chœurs, Tarik Gasmi basse, percussions, chœurs Isaakha, sow-percussions, chœurs et Guy Nwogang à la batterie ont offert au public de la salle El-Mouggar un menu varié de musiques et de danses, clôturé par la fameuse Etoile filante, qui a fait le succès de Djamel Laroussi avant de reprendre Alaâfou. W. L.