Le choix d'une tête de liste dans les villages les plus importants est toujours le moyen auquel les partis font appel. A l'instar des autres régions de Kabylie, la localité d'Akfadou s'apprête à vivre un rendez-vous électoral qui, à première vue, ne suscite pas vraiment d'intérêt. A l'exception des gens initiés, soit les militants des formations politiques, la majorité silencieuse semble marquer son indifférence même si parfois on en discute pour savoir qui se présente. et sur quelle liste se présente-t-il, et qui sera en course sans plus. Trois listes se disputeront les 7 sièges de l'Assemblée populaire communale d'Akfadou le 24 novembre prochain. Le sursis d'une semaine accordé par le ministère de l'Intérieur pour le dépôt des candidatures n'aura finalement servi à rien, aussi bien pour les partis FFS, FLN, RCD que pour la liste des indépendants qui était en gestation. Le scrutin partiel se présente donc sous la même forme que les précédents avec cependant deux éléments nouveaux: d'abord le retour du Front de libération nationale, qui, après une absence de plusieurs années, soit depuis le scrutin de 1990, opère un retour qui promet des surprises. Puis il y a la liste indépendante qui brille par son absence. Conduite par le chef patriote Zidani Abdekader, lors des élections locales de 1990, celle-ci manquera à coup sûr à l'ambiance électorale qui a toujours caractérisé cette localité. M.Zidani qui est arrivé aux commandes de la municipalité en tant que DEC, avant de briguer le poste de maire par voie électorale, n'a pas voulu se présenter cette fois-ci en dépit des nombreuses délégations qui l'ont sollicité à cet effet. Pour revenir aux listes en lice, Il y a d'abord celle du FFS qui, avec M.Lakhder Belaidi, fils de chahid et retraité de l'entreprise Alfaditex, n'a reconduit que deux éléments de la liste sortante, en l'occurrence M. M'henni Yazid second de la liste, la liste du vieux parti de l'opposition n'a été confectionnée qu'après une dure bataille dans la section. Puis il y a le retour du FLN qui a disparu de la circulation après un échec face au RCD de Saïd Sadi lors du premier scrutin démocratique d'après 1988. Relancé par des jeunes de la région, depuis le scrutin de la présidentielle d'avril 2004, le Front de libération nationale a réussi sans grand bruit la confection d'une liste à même de rivaliser avec les deux partis traditionnels qui se partageaient le gâteau. Elle est conduite par Kharoun Mohand Amkrane, un gestionnaire dans un établissement scolaire qui fait son entrée en politique. La troisième liste, celle du RCD, est conduite par M.Zadri Mohand, qui fait lui aussi son retour. Ce gestionnaire du secteur des ex-Aswak est connu pour avoir géré la localité pendant près de trois ans, après avoir été élu sur la liste du même parti. Il claquera la porte au même titre que le reste des élus du RCD en 1993, en signe de protestation contre les blocages administratifs. Comme les autres élus, il s'est retiré sans broncher. La société politique d'Akfadou va donc devoir choisir parmi les trois. A Akfadou, comme d'ailleurs toutes les régions de la Kabylie, dès qu'il s'agit d'élections locales, les convictions démocratiques et les idéaux des uns et des autres cèdent le pas aux considérations villageoises et familiales. Dans cette localité on a vu des militants FFS au RCD, versés totalement vers d'autres listes car la tête est des leurs ou de leur village. Lors des élections locales, les motivations changent et deviennent tout autre. La culture villageoise est si forte que les partis et les programmes ne sont que de simples canaux d'expression. C'est pourquoi le choix d'une tête de liste dans les villages les plus importants est toujours le recours auquel les partis font appel. C'est une manière de garantir le succès à une liste. Lorsqu'on n'arrive pas pour une raison ou une autre à placer quelqu'un à la tête de la liste, on s'arrange toujours pour choisir la place du dauphin. La méthode ne date pas d'aujourd'hui. On croyait à une évolution dans les mentalités avec l'avènement du pluralisme politique sur le terrain, il n'en fut rien. Ce cas de figure n'est pas propre à Akfadou. Pratiquement dans toutes les régions de Kabylie, le choix de listes obéit toujours à des considérations villageoises, familiales et tribales.