Les pays de l'Union européenne ont dressé une liste «d'organisations terroristes, que le Conseil de l'UE a approuvée», selon des sources proches du gouvernement espagnol. Cette nouvelle liste des organisations terroristes épingle l'organisation de sécurité extérieure du Hezbollah et le Djihad islamique palestinien, mais «brille» surtout par la mise à l'index de plusieurs organisations, spécialisées dans la guérilla urbaine, principalement espagnoles et irlandaises. On y retrouve, donc, l'ETA et les ramifications de l'Ira et ses satellites, ce qui fait aussi bien l'affaire des gouvernements espagnol que britannique, confrontés aux attentats meurtriers et spectaculaires de ces organisations, qui allaient et revenaient entre l'autonomie, le séparatisme et le terrorisme, selon l'appréciation des uns et des autres. Le gouvernement espagnol, qui prendra dans trois jours la présidence de l'UE, a affirmé que son souhait est d'inclure dans une prochaine liste, Batasuna, qui est le bras politique de l'ETA et son parti légal en Espagne. Cette liste européenne, qui reste à confirmer, semble être une grande réussite pour le gouvernement de Jose Maria Aznar. Les autres groupes inclus dans la liste du Conseil de l'UE sont près d'une dizaine d'organisations, toutes européennes: espagnoles et irlandaises principalement. C'est en cela que réside la nouveauté de cette liste, qui intervient une vingtaine de jours après la liste américaine (une autre totalement différente de celle qui a été dressée au lendemain des attentats du 11 septembre, et qui comportait vingt-sept noms et entités). La «liste noire» dressée par Washington, en seconde mouture, comportait 39 organisations, dont 22 islamistes. Seulement, trois organisations européennes dirigées par des Turcs, des Grecs ou des Irlandais. Toutefois, cette «liste noire» avait «fait tomber» le GIA algérien de sa ligne de compte et s'avisait à ne pas égratigner les organisations palestiniennes et libanaises du djihad, afin de ne pas s'aliéner de nouveaux ennemis aux Proche et Moyen-Orient. Quoi qu'il en soit, après la conception américaine, puis la vision européenne du terrorisme, il reste réellement un effort à faire au niveau des grandes institutions politiques et juridiques internationales, afin de définir clairement la notion de terrorisme. Jusqu'à ce jour, la mise à l'index des organisations terroristes a toujours obéi à des considérations conjoncturelles, contextuelles. Or, il faut réellement trouver un cadre légal qui inclurait de lui-même tout acte, venant de l'Etat, de ses institutions ou de ses hommes, répréhensibles et méritant le qualificatif d' «acte de terrorisme». Ceci permet d'appréhender beaucoup mieux un phénomène né des tiraillements politiques et historiques du XXe siècle, tout comme il permet de faire un «point d'ordre équitable» et non contestable sur la notion de groupes terroristes.