Pour les chefs d'Etat des Quinze, la lutte contre le terrorisme doit se faire sous l'égide de l'ONU. Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne réunis, dans la soirée de vendredi à Bruxelles, ont pris une série de décisions devant contribuer à une lutte efficace contre le terrorisme Réunis en Sommet extraordinaire à Bruxelles, à la demande de la Belgique (qui assure la présidence tournante de l'UE), les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne ont mis au point un plan d'action dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, et pris option pour l'avenir. A n'en point douter, la tragédie américaine a autant secoué les Européens qu'elle a agi comme un catalyseur sur leurs tergiversations et indolences. C'est ainsi que des secteurs aussi sensibles que le militaire ou le sécuritaire que l'UE avait toujours évité d'aborder de front, ont fait l'objet d'un tour de table approfondi de le part de responsables européens décidés, semble-t-il, à lester les habituelles formules creuses consensuelles sans portée pratique. Aussi, abandonnant ses traditionnelles réserves, l'Union européenne a pris à bras le corps un dossier jusqu'alors négligé et souvent sous-estimé: le danger que constituait la nébuleuse terroriste. A Bruxelles, le Sommet de l'UE ne ménagera pas son soutien aux Etats-Unis, les Européens se disant ainsi «prêts à contribuer à des opérations militaires». Les Chefs d'Etat européens veulent, de la sorte, être en symbiose avec l'événement de même que d'aller très loin dans la lutte contre le terrorisme, tenant à préciser que «sur la base de la résolution 1368 du Conseil de sécurité de l'ONU, une riposte américaine est légitime», indiquant aussi que «chacun, selon ses moyens, les pays de l'Union européenne sont prêts à s'engager dans de telles actions». Pour la première fois, les chefs d'Etat de l'UE s'engagent clairement sur des questions aussi controversées, par le passé, qu'étaient les questions militaires ou de sécurité. Les Quinze de l'Union - qui regroupe des pays ayant des conceptions souvent divergentes sur des domaines aussi stratégiques que le sont le militaire et le sécuritaire - veulent, dès lors, dépasser ces difficultés pour donner à la solidarité européenne un contenu global et efficace. De fait, ces difficultés ont toujours empêché l'UE d'avoir une politique commune de défense. Un responsable européen explique: «Au début, il y avait des tabous. Les neutres craignaient les réactions de leur opinion publique», avant de concéder: «Aujourd'hui, les dirigeants européens voient qu'il y a une certaine logique, si on coopère et s'exprime sur l'économie et la politique, pourquoi pas sur les questions de sécurité?». Evidemment! Aussi, tirant sans doute les conclusions qui s'imposent, - si l'on considère qu'il ne peut y avoir de demi-mesure dans la lutte contre le terrorisme - les chefs d'Etat de l'UE tout en se déclarant «entièrement solidaires avec le peuple américain face aux attentats terroristes meurtriers», jugent la riposte américaine «légitime» faute de quoi, les Européens appelleront-ils, «à une coalition globale, aussi large que possible contre le terrorisme sous l'égide des Nations unies». Notons que les dirigeants européens insistent sur le fait, très important en vérité, que la coopération internationale de lutte contre le terrorisme doit se faire sous l'égide et dans le cadre, qui reste le plus approprié, de l'ONU. Une excellente chose si cela doit redonner au Conseil de sécurité des Nations unies rôle, prérogatives et initiatives. L'Union européenne, estime aussi nécessaire, que cette «coalition» qui doit «être aussi large que possible» fasse appel à la Russie, au «partenariat arabe et musulman» de même que tout autre pays «prêt à défendre nos valeurs communes», N'en restant pas là, les chefs d'Etat de l'UE qui veulent en outre initier toute une politique de lutte contre le terrorisme ont approuvé un plan d'action visant à «renforcer la coopération policière et judiciaire», par, entre autres, «l'instauration du mandat d'arrêt européen» devant, à terme, se substituer au traditionnel système de l'extradition. Relevons, par ailleurs, que les dirigeants européens semblent enfin décidés à tout mettre en oeuvre pour combattre efficacement et sérieusement le terrorisme sous toutes ses formes par la mise sur pied d'une procédure «d'identification des terroristes présumés» en Europe, ainsi que les organisations qui les soutiennent «afin d'établir une liste commune des organisations terroristes, au sein d'Europol». D'ores et déjà, une équipe européenne spécialisée est appelée à collaborer avec les Américains. L'Union européenne met également au nombre de ses préoccupations la nécessité de mettre un terme «au financement du terrorisme» en engageant des «mesures concrètes pour combattre toute forme de financement des activités terroristes». De fait, l'UE songe particulièrement à «l'extension de la directive sur le blanchiment d'argent et la décision-cadre du gel des avoirs». Le Conseil européen dans ses conclusions a aussi recommandé «le renforcement de la sécurité aérienne», par «la classification des armes, le contrôle des bagages en soute et leur suivi» de même que la « protection de l'accessibilité du cockpit ». Par le nombre des résolutions auxquelles les dirigeants européens sont parvenus, il apparaît bien que cette fois-ci le Conseil de l'UE ait enfin pris très au sérieux le danger induit par la nébuleuse terroriste en s'engageant résolument dans l'action pour éradiquer définitivement ce mal du troisième millénaire.