Ce déficit n'est que la conséquence directe de la politique d'arabisation prônée par l'ancien pouvoir. Le chantier des réformes entamé depuis trois ans dans le secteur de l'éducation s'est soldé par la réhabilitation, entre autres, des langues étrangères notamment la langue française. La décision d'introduire cette langue à partir de la deuxième année primaire n'était pas pour autant évidente du moment que le ministre en personne a avoué qu'il a éprouvé des difficultés à réinstaurer cette langue du fait des divergences dues à des courants politiques différents des membres du conseil des ministres. «Il y a des conservateurs et des démocrates et chacun a son mot à dire», a expliqué le ministre. Toutefois, et depuis septembre 2004, cette langue a été officiellement réintroduite à partir de la deuxième année primaire. Des programmes et des manuels scolaires ont été élaborés à cet effet. On a même prévu de renforcer l'encadrement enseignant, lequel, faut-il le dire, enregistre un déficit principalement en matière d'encadreurs en langue française. Un déficit engendré par la politique prônée par l'ancien pouvoir qui privilégiait l'arabo-baâthisme. Aujourd'hui les séquelles sont apparentes. La tutelle, consciente de cette réalité, a annoncé l'ouverture pour cette année de pas moins de 6000 postes d'enseignants qui viendront s'ajouter aux 340.000 déjà existants. Seulement et en ce début de l'année scolaire, le déficit semble ne pas être comblé et les élèves dans plusieurs établissements, principalement ceux se trouvant dans les régions les plus reculées du pays, n'ont toujours pas entamé leurs cours de français. Quant aux enseignants de cette discipline, ils ne savent plus où donner de la tête. En plus du surnombre des élèves dans les classes, ces professeurs se sont retrouvés avec un emploi du temps surchargé. Soulevant le dépassement par rapport à la législation du travail, ces enseignants n'ont eu comme réponse que de prendre patience en attendant le renforcement de ce personnel. Certes, les plus chanceux des élèves ont eu droit à un prof de français, même dans des conditions qui laissent à désirer, a contrario des autres qui sont privés carrément de cette discipline jusqu'à ce que l'on décide de mettre à leur disposition un enseignant. Le ministère, de son côté, est conscient de ce problème. Il incombe à cet effet aux directeurs de wilaya de trouver des solutions transitoires en attendant de combler définitivement le déficit. Parmi les solutions à court terme : le recrutements des retraités. «Nous avons lancé plusieurs compagnes de recrutement des retraités titulaires d'une licence de français et d'anglais», nous explique le responsable de la communication au sein du ministère de l'Education avant de préciser qu'«il n'est pas question de confier l'éducation de nos enfants à des personnes qui n'ont pas de qualifications dans le domaine». Pour ce qui est des solutions à court et long terme, notre interlocuteur nous apprend qu'un travail de sensibilisation et d'information a été enclenché conjointement entre le ministère de l'Education et de l'Enseignement supérieur au niveau des classes d'examen dans les lycées afin d'inciter les futurs lauréats de choisir des branches où on dispose d'un poste de travail. A notre question concernant le nombre de postes vacants dans cette discipline, notre interlocuteur nous informe qu'une évaluation et un sondage ont été entrepris par les directions de l'éducation de wilaya afin de recenser le déficit. Les résultats de l'enquête seront connus dans une semaine.