La seule salle de cinéma dont dispose la commune de Tichy est fermée depuis belle lurette. A l'instar des autres régions du pays, les veillées ramadanesques à Tichy comme à Boukhelifa, loin de constituer un passe-temps agréable, sont perçues par la majorité des jeunes comme des moments d'ennui vu l'inexistence d'infrastructures culturelles et autres lieux de loisirs à même de combler un tant soit peu le vide culturel. A Tichy, par exemple, la seule salle de cinéma (une magnifique bâttisse) dont dispose la commune est fermée depuis belle lurette, ne permettant ni projection de films ni animation de soirée musicales et encore moins de représentations de pièces théâtrales qui jadis amusaient les foules. Quant à Boukhelifa, après quelques timides tentatives d'ouvrir une maison de jeunes dans cette contrée rurale, le projet est tué dans l'oeuf. En somme, l'animation est la grande absente durant ce mois sacré. Pourtant, avec toutes ces lacunes «rien n'enlève à ces veillées leur charme spécifique», reconnaissent quelques-uns pour ne pas dire la majorité. Car, à défaut de soirées animées, personne ne peut nous priver de vivre des plaisirs simples, jouer une partie de cartes ou de dominos ou tout simplement engager une discussion autour d'un café surtout en ces temps de pré-campagne électorale, se plaît-on à répéter paraphrasant sans le savoir, Mouloud Ferraoun qui disait dans Jours de Kabylie «Quand nous allons la matinée dans la rosée, cueillir des figues, un bonheur simple que nous seuls connaissons la valeur». Juste après la rupture du jeûne, c' est la ruée vers les cafés, chaque village en possède un. «Fort heureusement d'ailleurs», aiment à dire les habitués des lieux qui n'hésitent pas à le qualifier «de temple» puisque juste après avoir fini de manger, c'est la ruée des «fidèles» vers ces lieux. Sans omettre les amoureux de la nature qui préfèrent les randonnées nocturnes devant ce black-out total. Pour ceux habitant la ville, outre ces estaminets et autres lieux de loisir, quand il y en a, c'est la ruée ou presque vers les cybercafés. Car, il faut reconnaître que malgré le prix affiché 60 DA/l'heure, relativement raisonnable, ce n'est pas l'engouement vers ces lieux de convivialité. Et pour cause, la majorité ce sont des jeunes... chômeurs. Pour les autres, l'ultime recours, qui n'est pas des moindres d'ailleurs, reste la parabole ou le numérique qui est introduit dans presque la majeure partie des foyers. La télévision par satellite est considérée comme une bouée de sauvetage au milieu d'une mer... de privations. En fait, c'est quoi le Ramadan? «C'est synonyme de passe-temps», n'hésiteront pas à vous répondre certains par ironie, d'autres par conviction, quant à la piété, elle est à mille lieues d'ici.