Ces développements militaires interviennent alors que la crise humanitaire s'aggrave au Yémen, où 14 millions de personnes sont en situation de pré-famine selon l'ONU, qui tente par ailleurs de relancer des pourparlers de paix d'ici fin novembre Combattants progouvernementaux et rebelles se sont de nouveau affrontés hier autour de la ville portuaire de Hodeïda, sur la côte ouest du Yémen, où des centaines de milliers de civils pourraient se retrouver piégés par une escalade des violences. Cinq jours d'affrontements entre forces loyalistes, soutenues par une coalition sous commandement saoudien, et rebelles Houthis, appuyés par l'Iran, ont fait au moins 150 morts de part et d'autre. Ce bilan partiel inclut les corps de 49 Houthis amenés mardi matin dans deux hôpitaux de Bajil, un quartier de Hodeïda, selon des médecins. Les rebelles ont confirmé que les combats, accompagnés de raids aériens, avaient été violents, via leur chaîne de télévision Al-Massirah. Celle-ci a déclaré que les Houthis avaient en échange «visé les envahisseurs et les hypocrites, sur le littoral» de la mer Rouge, où se trouve Hodeïda. La coalition anti-rebelles, dont les deux piliers sont l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, a assuré qu'elle n'avait aucunement l'intention de lancer une offensive totale sur cette cité portuaire, précisant que les opérations en cours visaient à «élargir les périmètres de sécurité dans certaines zones». Des responsables des forces progouvernementales yéménites ont cependant fait état de tentatives d'encercler la ville et de couper des voies d'approvisionnement des Houthis. Evoquant «l'intensification des combats à Hodeïda», l'organisation Médecins sans frontières (MSF) s'est inquiétée hier des conséquences pour «les malades et le personnel de l'hôpital Al-Salakhana, et pour les milliers d'habitants qui restent dans la ville». Ces développements militaires interviennent alors que la crise humanitaire s'aggrave au Yémen, où 14 millions de personnes sont en situation de pré-famine selon l'ONU, qui tente par ailleurs de relancer des pourparlers de paix d'ici fin novembre. Près des trois quarts de l'aide humanitaire entrant au Yémen transite par le port de Hodeïda. L'ONG Norwegian Refugee Council a averti que l'intensification des combats et des raids aériens risquait de «détériorer davantage l'accès des civils à l'aide». L'affaire Jamal Khashoggi, journaliste saoudien tué le 2 octobre au consulat d'Istanbul, a considérablement affaibli la diplomatie saoudienne et Washington a pressé Riyadh d'accélérer un règlement politique au Yémen. Depuis plusieurs mois, la coalition anti-rebelles donne l'impression d'être dans une impasse militaire. Le pays est de fait quasiment divisé en deux, les forces progouvernementales contrôlant le Sud et une bonne partie du Centre et les rebelles le Nord et une bonne partie de l'Ouest. Outre Hodeïda, les Houthis sont maîtres de la capitale Sanaa depuis fin 2014. La chute du riyal a provoqué une forte hausse des prix des produits de base, en particulier des denrées alimentaires et du carburant, plaçant des millions de personnes en situation de détresse. Pays le plus pauvre du monde arabe, le Yémen est aujourd'hui le théâtre de ce que l'ONU appelle la pire crise humanitaire du monde. L'Unicef l'a qualifié d'»enfer sur terre» pour des millions d'enfants. Le gouvernement yéménite a été remanié le mois dernier avec le remplacement soudain du Premier ministre Ahmed ben Dagher par M. Saïd, qui entretient des liens à la fois avec l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Les Emirats et leurs alliés yéménites dans le Sud accusaient le gouvernement de M. ben Dagher d' «incompétence» et de «corruption».