Le président Trump, interrogé sur les révélations du Washington Post selon lesquelles la CIA a désigné le prince héritier saoudien comme «commanditaire» de l'assassinat de Khashoggi, a concédé, mal à l'aise, qu'un «rapport complet» va lui être soumis «lundi ou mardi». Le roi Salmane a fait hier l'éloge de l'appareil judiciaire en Arabie saoudite sans mentionner directement le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, une affaire au retentissement mondial qui a considérablement terni l'image du prince héritier, son fils, Mohamed ben Salmane. La semaine dernière, le procureur général saoudien a disculpé le puissant prince Mohammed ben Salmane du meurtre de Khashoggi qui a eu lieu le 2 octobre dernier, au consulat saoudien d'Istanbul. Mais la CIA a conclu qu'il était derrière ce meurtre selon le Washington Post. «Le royaume a été fondé sur les principes islamiques de justice et d'égalité, et nous sommes fiers des efforts du pouvoir judiciaire et du ministère public dans l'accomplissement de la tâche qui leur a été confiée», a déclaré le roi dans son discours annuel devant le Majlis al-Choura, une assemblée consultative. Le monarque de 82 ans n'a pas mentionné directement le meurtre de Jamal Kashoggi qui collaborait au Washington Post. Le président américain Donald Trump s'est abstenu de blâmer le prince Mohammed ben Salmane et ce malgré les conclusions de la CIA. L'Arabie saoudite a, à maintes reprises, changé sa version sur ce qui était arrivé à Jamal Khashoggi, affirmant durant les premiers jours qu'il avait quitté le consulat, sain et sauf, avant de se rétracter en admettant qu'il y avait «succombé accidentellement à la suite d'une bagarre». Le procureur général saoudien qui a effectué un séjour de quarante huit heures à Istanbul où il a bénéficié des informations récoltées par les enquêteurs turcs a admis, jeudi dernier, que le journaliste avait été «drogué, tué puis démembré» dans l'enceinte même du consulat. Sur un total de 21 suspects, il a inculpé 11 personnes qui seront déférées devant la justice. Il a requis la peine capitale pour cinq d'entre elles. Allié historique de Riyadh, Washington s'est empressé d'annoncer des sanctions contre 17 responsables saoudiens pour leur «responsabilité ou leur complicité» dans le meurtre de Khashoggi. Pour sa part, le président Trump, interrogé sur les révélations du Washington Post, reprises par le New York Times, selon lesquelles la CIA a désigné le prince héritier saoudien comme «commanditaire» de l'assassinat de Jamal Khashoggi, a concédé, mal à l'aise, qu'un «rapport complet» va lui être soumis «lundi ou mardi», sur cette affaire. Ce qui n'augure en rien des suites qu'il compte lui donner, alors même qu'il a déjà brandi la contrainte des 110 milliards de dollars d'achats d'armement par l'Arabie saoudite, un allié de premier plan aux côtés d'Israël dans la région du Proche-Orient. Seule, l'Allemagne a décidé lundi dernier d'imposer des sanctions, notamment d'interdire l'accès à l'espace européen Schengen, aux 18 Saoudiens soupçonnés d'être impliqués dans le meurtre de Jamal Khashoggi. C. B. (avec agences)